Marc Villard, conseiller AFE pour la circonscription de Bangkok, s’est exprimé au nom du groupe Français du monde-adfe, devant la Ministre déléguée chargée des Français de l’étranger lundi 9 septembre.
Madame la Ministre,
Lors de nos discussions autour du projet de loi qui est désormais voté et sur lequel nous ne reviendrons donc pas, vous nous avez précisé à plusieurs reprises que beaucoup de points que nous soulevions alors seraient du domaine des décrets d’application. Lors de cette session, Sylvain Itte, dont je salue ici la nomination en tant qu’Ambassadeur de France en Uruguay, s’exprimera devant la commission des lois qui, plus que moi, entrera dans les détails de ce que nous souhaiterions voir préciser par les décrets d’application. Je ne reprendrai donc ici que les grandes lignes de nos préoccupations.
Mais, Madame la Ministre, il serait souhaitable, pour ne pas dire indispensable, qu’ avant l’intervention de Monsieur Itte, les membres de la commission des lois puissent avoir un document de travail donnant l’avant projet des décrets. Vous soulignez à juste titre qu’un des points positifs de la réforme de la représentation des Français de l’étranger est le rapprochement des conseillers consulaires de leurs concitoyens. Il ne faudrait pas que cette représentation de proximité perde son sens faute d’une véritable substance, faute de véritable pouvoir, faute de véritables moyens.
La loi ne prévoit pas la fréquence des réunions des Conseils Consulaires. Nous pensons, que pour un suivi efficace il est nécessaire que les Conseils Consulaires soient réunis au moins trois fois par an, une fois par trimestre serait l’idéal. Nous aurions souhaité que ces Conseils Consulaires soient présidés, non pas par le Chef de Poste, mais par un élu. Que, pour reprendre une de vos expressions, « le dernier mot revienne aux élus » et que ceux ci, ne voient pas leurs compétences en quelque sorte diluées au sein de conseils où les personnalités « qualifiées » auraient les mêmes droits, les mêmes prérogatives que les « élus ». Nous souhaiterions donc que seuls les élus aient voix délibérative et qu’en cas d’égalité des voix ce ne soit pas la voix du Président, représentant de l’Administration qui soit prépondérante, mais que la décision finale revienne aux seuls élus.
Le texte de loi prévoit, article 3 du Chapitre 1, que « les Conseillers Consulaires sont membres de droit du ou des conseils consulaires constitués dans la circonscription électorale dans le ressort de laquelle ils ont été élus. » Nous comprenons pourtant que lorsqu’il exercera les attributions jusqu’alors confiées aux commissions locales des bourses scolaires (article D 531-45 du code de l’éducation) dans les circonscriptions regroupant plusieurs pays ce Conseil Consulaire se réunirait dans le Chef lieu de la circonscription électorale. Dossiers et personnels qualifiés se déplaçant vers ce chef lieu de circonscription. Outre que cela nous paraît éloigné de ce que prévoit la loi, cela nous semble être contraire à l’idée de cette représentation de proximité que vous défendez, Madame la Ministre. Dans cette formation, où la connaissance des communautés expatriées, des réalités de terrain sont primordiales il nous paraît nécessaire que les Conseils Consulaires se tiennent dans les postes où sont situés les établissements scolaires. Il serait d’ailleurs moins onéreux de déplacer les élus vers les postes ou sont situées les établissements que de déplacer vers le chef lieu de la circonscriptions les « personnalités qualifiées » concernées.
Nous vous avons déjà fait part de nos craintes, dans le domaine de l’aide à la scolarité, de voir les élus, les Conseils Consulaires n’être plus, en quelque sorte, que des chambres d’enregistrement de décisions déjà prises. Ne participant pas au dialogue de gestion ni, en amont à la validation des dossiers de demande de bourses scolaires, élément essentiel de fixation de l’enveloppe budgétaire de chaque poste, les Conseils Consulaires perdraient encore de leur raison d’être, si le traitement des dossiers devait être en quelque sorte « délocalisé » vers les chef-lieux de circonscription.
Nous avons la même préoccupation concernant le traitement des questions ayant trait à la sécurité de nos compatriotes, là aussi la connaissance du terrain est importante. Les questions ne sécurité ne sont pas des « abstractions’ » elles demandent une connaissance du terrain, un contact avec les chefs d’ilots…Comment cela sera-t-il possible, si les Conseillers Consulaires sont cantonnés à leur seul « Consulat d’élection » ?
Ces remarques nous amènent tout naturellement vers cette compétence régionale que nous aurions souhaité voir inscrite dans la loi.
Au niveau des Conseillers Consulaires, quels moyens auront-ils à l’intérieur de leur circonscription consulaire parfois très étendues pour exercer la plénitude de leur mandat ? Pour se rendre au devant des Français établis loin des postes consulaires ?
Au niveau des Conseillers Consulaires élus à l’AFE, nous l’avions demandé lors des discussions autour du projet de loi, nous souhaiterions que les Conseillers Consulaires soient membres de droit, avec voix consultative, des Conseils Consulaires de la circonscription electorale dont ils sont issus. Cela enrichirait les échanges au sein de la future assemblée.
Cette assemblée , que vous avez souhaité , Madame la Ministre, inspirée du Conseil Economique Social et Environnemental , devait disposer d’un budget pour financer des études, qu’en sera-t-il finalement ? Voilà Madame la Ministre dans les grandes lignes, et compte tenu du temps qui m’est imparti, un certain nombre de préoccupations. Mais je ne voudrais pas qu’à l’écoute de mon intervention un journaliste en profite pour nous maltraiter comme le fit celui du Canard Enchaine le 21 Aout dernier en écrivant que notre Assemblée ne se préoccupe que de son devenir….
Nous nous interrogeons sur le devenir du Réseau, sur ces coupes qui sont faites dans notre présence à l’étranger. Décisions que nous n’apprenons pour l’essentiel qu’après coup, et sur lesquelles nous pourrions donner des avis…. Nous continuons à réfléchir sur le nouveau dispositif d’aide à la scolarité , qui comme vous l’avez souligné, peut et doit être améliorer sur quelques points. En particulier l’impact des nouvelles mesures sur les familles monoparentale, sur les seuils d’exclusion patrimoniaux etc…. Nos préoccupations vont aussi, bien sur, vers la sécurité de ceux nos concitoyens qui vivent dans des zones de conflits.
Enfin nous pensons également à nos concitoyens maintenus en otage et notamment aux trois d’entre eux détenus au Niger et qui le 16 Septembre prochain franchiront le cap de trois ans de détention. Triste anniversaire !
Madame la Ministre, je vous remercie pour votre attention.
Crédit photo : Alain Fontaine