La drague aux voix du Front national continue. Depuis plus d’un mois, Claude Goasguen, Député UMP de Paris, rapporteur de la mission d’information sur la nationalité, ne cesse de communiquer sur sa grande idée : les prétendants à la nationalité française doivent renoncer à leur(s) nationalité(s).
Le 21 juin, nouvelle étape : Claude Goasguen, avant même que le rapport ne soit présenté devant la commission ad hoc, envoie le projet de rapport à la presse qui l’a largement diffusé mercredi 22 juin.
Dans ce rapport, les modalités pratiques d’interdiction de la plurinationalité sont détaillées. Les enfants ayant deux nationalités ou plus devront choisir entre leur nationalité française et l(es)’autre(s) nationalité(s). Quant aux personnes souhaitant acquérir la nationalité française, elles devront répudier leurs autres nationalités. Ces dispositions contenues dans ce document de travail font froid dans le dos.
A gauche comme à droite, les violentes critiques n’ont pas manqué de se faire entendre. Seule une voix favorable, celle de Marine Le Pen, bien sûr. Pour autant et sans attendre la publication de son rapport parlementaire, Claude Goasguen avait déjà réussi à projeter une première salve, grâce au bienveillant soutien du ministre Claude Guéant, en introduisant dans la loi du 17 juin 2011 une disposition imposant aux demandeurs de nationalité française de déclarer leur(s) autre(s) nationalité(s). Malgré le recours déposé par les parlementaires de gauche au Conseil constitutionnel contre cette remise en cause des libertés individuelles, cette mesure a désormais force de loi.
Même si finalement ce rapport ne sort pas officiellement et ne débouche pas sur des préconisations législatives, les annonces ont été faites et les balises en direction des électeurs du Front national, lancées. Quelles que soient les décisions retenues, Nicolas Sarkozy compte bien en récupérer les bénéfices sans rompre pour autant avec ses partisans les plus modérés.
Par ailleurs, l’idée selon laquelle les Français titulaires d’autres nationalités ne sont pas tout à fait des Français à part entière poursuit son chemin, et ce sont eux, une fois de plus, qui en subiront les conséquences auprès des administrations. Une fois le venin de la xénophobie injecté, point n’est besoin de texte de loi. Les procédures administratives tatillonnes et vexatoires se multiplient. La seule parade est notre vigilance : ne laissez passer aucun abus de droit à l’encontre des binationaux, déclarez-les à votre association, à vos élus à l’AFE. Nous leur opposerons notre vigilante résistance.
Monique Cerisier ben Guiga