De la binationalité à la plurinationalité des citoyens français.
M. Goasguen, Député UMP de Paris, rapporteur de la mission d’information sur la nationalité, veut revenir sur la liberté des Français de garder une autre nationalité. Il souhaite ficher les binationaux en enregistrant « les situations de double nationalité au moment des actes de mariage, de naissance ou de naturalisation. On disposerait ainsi à terme d’un registre des binationaux ». (Interview dans La Croix du 9-05-2011)
M. Goasguen est en retard d’un bon siècle sur son temps et, quand il évoque la binationalité, il prouve son ignorance de la réalité contemporaine car c’est aujourd’hui de plurinationalité qu’il faut parler. A quelques exceptions près, les Etats du monde ont pris conscience que la plurinationalité était un état de fait pour beaucoup de leurs citoyens et un atout pour leur pays. C’est ainsi que la Convention du Conseil de l’Europe de 1963 pour la réduction des cas de binationalité a cessé d’être applicable dans la plupart des pays de l’Union européenne à leur initiative, à commencer par la France. Les Etats-Unis acceptent dans les faits que leurs citoyens soient plurinationaux, et même l’Allemagne a surmonté sa traditionnelle hostilité à la plurinationalité qui était fondée sur le droit du sang.
Notre association regroupe des Français du monde dont la moitié a plusieurs nationalités. C’est une richesse pour les individus qui s’enracinent dans différentes langues et cultures. C’est une richesse pour leurs pays d’appartenances qu’ils contribuent à ouvrir au monde. M. Goasguen veut-il que les citoyens français choisissent entre leur filiation paternelle ou maternelle ? Conçoit-il les deux comme inconciliables ? Cette question n’est pas plus absurde pour un plurinational que de s’interroger sur sa fidélité à ses divers pays d’origine.
Notre association proteste vigoureusement contre une prise de position qui vise à faire des plurinationaux des Français de seconde zone. Toutes ses sections dans le monde se mobiliseront contre le fichage des binationaux selon les modalités qu’elles décideront.
Les Français à l’Etranger savent par expérience que les individus et les peuples ont tout à perdre du repli sur soi.
Notre raison d’être associative est de défendre, dans les communautés françaises établies à l’étranger, les valeurs universelles que porte la Nation française depuis 1789. Nous y serons fidèles dans ce combat.