Monica Belluci, Eric Cantona, Claude François Jr, Christian Louboutin, on ne compte plus les célébrités mettant en lumière l’attrait de plus en plus grand qu’exerce l’installation au Portugal sur la population française.
Le Portugal un eldorado fiscal ?
Si cette affirmation est en partie vraie, la situation s’avère plus complexe et il serait dangereux de simplifier la situation.
Le statut de résident non habituel (RNH) a été mis en place en 2009. A l’origine il permettait à toutes personnes devenant résidente fiscale portugaise, n’ayant pas été taxé fiscalement au Portugal au cours des 5 années précédentes, et ayant des revenus provenant d’activités à haute valeur ajoutée, de bénéficier d’un taux imposition sur le revenu ne pouvant excéder 20%.
En 2013, ce régime, valable 10 ans, a été étendu aux retraités pensionnés du privé, qui sont imposés à 0% sur leur pension de retraite.
Attention néanmoins, le statut RNH est un statut portugais. S’il garantit une imposition à taux 0 au Portugal, il ne garantit pas pour autant une non-imposition en France. Dans certains cas, l’administration fiscale française peut en effet considérer que malgré les 183 jours de résidence minimum passés au Portugal, l’individu est également résident fiscal français. Dans ces cas, il revient alors d’examiner le centre d’intérêt économique, ce qui peut conduire à une relocalisation de l’impôt sur le revenu en France. Par ailleurs, rien ne garantit que ce régime fiscal qui est accolé à la loi de finances portugaise soit maintenu.
Cette image de paradis fiscal est d’autant plus trompeuse, que le Portugal peut être un enfer fiscal pour ceux qui ne bénéficient pas de ce statut avantageux ou de dispositions particulières de la convention fiscale. A titre d’exemple voici le barème de l’impôt portugais en 2015 :
Le barème et le taux d’imposition des revenus 2015 (déclaration impôts 2016) sont les suivants :
- Moins de 7035 euros : 14,5 %
- Entre 7035 et 20 100 euros : 28.5 %
- Entre 20 100 et 40 200 euros : 37 %
- Entre 40 200 et 80 000 euros : 45 %
- Au-dessus de 80 000 euros : 48 %
Une image loin de l’exilé fiscal.
Si il est très difficile de savoir exactement combien de Français profitent du statut RNH, il est néanmoins facile de constater que le profil du Français s’installant ces derniers mois au Portugal est loin du stéréotype. L’expatrié au Portugal vient pour profiter d’un pays où il fait bon vivre, où l’on peut gagner en moyenne 25% en pouvoir d’achat par rapport à la France. Un pays où l’on peut profiter de 300 jours d’ensoleillement par an, et un pays où l’insécurité ne fait pas parti du vocabulaire quotidien.
Cependant, si certaines dépenses courantes sont moins chères qu’en France, d’autres sont nettement plus élevées. Tout d’abord la TVA à 23% y compris certains produits de première nécessité comme l’électricité ou l’eau ont contribué à faire bondir les prix des consommations courantes. Certains services, comme la téléphonie et l’internet, sont également plus chers qu’en France. Enfin la voiture est un produit de luxe au Portugal. Non seulement il vous en coûtera plus pour faire votre plein d’essence, mais une voiture coûte en moyenne 20 à 25% plus cher qu’en France. Attention si vous décidez d’importer une voiture de France et l’immatriculer au Portugal, il vous en coûtera une taxe onéreuse à l’import, excepté dans les 6 mois suivant votre installation au Portugal.
Méfions-nous donc des apparences et des stéréotypes sur le Portugal.
Mehdi Ben Lahcen