Accueil 5 Côte d'Ivoire 5 Retour sur : le Café du Monde – Anciens Combattants : Quel sens y a t-il à honorer leur mémoire ?

24 septembre 2025 – La Fabrique Culturelle, Abidjan

Français du Monde – ADFE Côte d’Ivoire a consacré la dernière édition de son Café du Monde à la mémoire des anciens combattants

Le 24 septembre 2025, à La Fabrique Culturelle, Français du Monde – ADFE Côte d’Ivoire a réuni partenaires, acteurs culturels et représentants d’institutions autour d’un thème fort : « Anciens combattants : quel sens y a-t-il à honorer leur mémoire ? »

🗞️ Ils en parlent :

Le Jour Plus revient en détail sur cette rencontre dans un article complet :

[Café du monde / Devoir de mémoire]

Un apéro-débat pour rendre hommage aux tirailleurs

La Fabrique culturelle a accueilli, le mercredi 24 septembre 2025, un débat consacré aux anciens combattants.

« Si nous n’avions pas combattu, le monde entier serait en train de parler allemand. » Ces mots, empreints de fierté et de lucidité, sont ceux du capitaine Yassoungo Koné, président de l’Association fraternelle des anciens combattants de Côte d’Ivoire (Afacci). Il s’exprimait lors du Café du monde organisé par l’Association Français du monde – section Côte d’Ivoire, dans le cadre du projet éducatif Mémoires d’anciens combattants. Autour du thème « Anciens combattants : quel sens y a-t-il à honorer leur mémoire ? », la rencontre a mis en lumière l’importance de transmettre aux jeunes générations l’héritage des vétérans ivoiriens, souvent oubliés de

l’histoire officielle. Le professeur Simon Pierre Ekanza a rappelé que le corps des tirailleurs sénégalais fut créé en 1857 par le général Louis Faidherbe. Massivement recrutés lors des deux guerres mondiales, de nombreux Ivoiriens, originaires du Nord, du Centre et du N’Zi Comoé, furent envoyés au front. Transformés par cette expérience, certains furent incompris à leur retour, allant jusqu’à être qualifiés de « fous ». Selon lui, leur mémoire doit être célébrée à travers des monuments et intégrée aux programmes scolaires et universitaires.

Des tirailleurs victimes d’injustice

Le capitaine Yassoungo Koné a rappelé les sacrifices consentis : 22 944 Ivoiriens recrutés lors de la première guerre mondiale dont 18 790 envoyés en France, 3 467 tués et 763 disparus. Durant la seconde guerre mondiale, entre 15 000 et 20 000 furent mobilisés, avant de participer aux guerres d’Indochine et d’Algérie. Mais ces sacrifices se sont accompagnés d’inégalités criantes : un sous-officier africain père d’un enfant percevait 87,50 F français contre 892 F pour son homologue européen ; un soldat africain avec six enfants recevait 1 175 F contre 6 963 F pour un Français. Les pensions, longtemps gelées, n’ont été révisées qu’en 2007. Aujourd’hui, la retraite du combattant est fixée à 250 000 FCFA par semestre. Il ne resterait qu’une soixantaine d’anciens combattants ivoiriens dont le plus âgé a 117 ans. La Côte d’Ivoire demeure l’un des rares pays africains à leur apporter une aide : en 2024, l’État a versé 400 000 FCFA aux vétérans et 200 000 FCFA aux veuves, des montants portés respectivement à 500 000 et 300 000 FCFA en 2025. Pour Niango Serge Alain, de l’initiative Ivoire Black History Month (iBHM), honorer leur mémoire revient à réparer une injustice historique et à réaffirmer l’identité culturelle africaine à travers l’art, le cinéma et les festivals. Quant à Christophe Kassi, président de l’Association Français du monde, section Côte d’Ivoire, il a insisté sur l’urgence de recueillir les témoignages des anciens combattants « tant qu’ils sont encore vivants ». Entre récits, archives et devoir de mémoire, ce Café du monde a rappelé que les anciens combattants ivoiriens ont versé leur sang pour l’histoire mondiale et méritent une reconnaissance à la hauteur de leurs sacrifices.

Pacôme Koffi

“Article publié dans Le Jour Plus
N° 5682 du mardi 30 septembre 2025”

🎧 RFI consacre également un sujet à cet échange autour du devoir de mémoire :

👉 [ Lire l’article sur RFI ] Publié le : 07/10/2025

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