Accueil 5 Francophonie 5 Prix Florian : des Français de l’étranger récompensés
Le vendredi 24 janvier 2025, la quatrième édition du Prix Florian a dévoilé ses lauréats au cours de la Nuit de la lectureCe concours littéraire, qui célèbre l’art de la fable, a accueilli pour la première fois des participants au-delà des frontières nationales. Le jury a eu la difficile tâche de départager plus d’une soixantaine de fables. Parmi les participants internationaux, des fables provenaient de pays aussi divers que le Maroc, les États-Unis, le Canada, Taïwan, et même la Laponie.

Une belle victoire pour les Français de l’étranger

Deux des sept lauréats viennent des États-Unis et du Maroc. Ce fut un moment de fierté pour l’association Français du monde – ADFE, qui a soutenu cette initiative. Vanessa Gondouin-Haustein, administratrice et rédactrice en chef du magazine Français du Monde, était présente à Châteauneuf-sur-Loire, en tant que membre du jury. Elle a chaleureusement félicité les organisateurs, en particulier Olivier Goussard, créateur du Prix, et Marielle Pierre, adjointe à la culture, qui a pris à cœur d’intégrer les Français de l’étranger à ce concours. Vanessa Gondouin-Haustein a souligné l’importance de ce partenariat, qui incarne l’idée de la culture partagée au-delà des frontières.

Les lauréats de cette édition

Dans la catégorie des jeunes de moins de 16 ans, le premier prix a été attribué à Inès Azéroual, résidente à West Lafayette, aux États-Unis, pour sa fable Le venin de la parole. Un bel exemple de la diversité et de la richesse des talents des jeunes expatriés. Le prix adulte a récompensé Patrick Chantebien, habitant d’Agadir, au Maroc, pour sa fable Le cygne et le crapaud, un texte qui a su captiver le jury par sa profondeur et sa finesse.

Le prix a également permis de mettre en lumière des œuvres d’autres participants, comme Ghilles Meddour, Sébastien Laura et Isabelle Hure, dont les fables ont été saluées pour leur créativité et leur originalité.

Un serpent serpentait dans la forêt,
En quête d’une âme à tourmenter,
En effet, il adorait persifler,
Et dire à tout le monde des méchancetés.
Au hérisson qui aimait être câliné,
Il déclara : « Sans vouloir t’offenser,
Tes piquants repoussent tous tes amis ! »
À Madame Taupe qui se trouvait jolie,
« Ça se voit que vous ne voyez pas clair ! »
À la biche, si fière de son faon, il dit :
« Oh ! Vraiment ! Quel beau bébé boursouflé !
Que Monsieur le Loup va se régaler ! »
Riant toujours de ses méchancetés,
Le serpent rencontra un peu plus tard
Le hérisson, la taupe, la biche, son bébé.
Le petit groupe, fort vexé mais uni,
Interpella le serpent : « Ah, Monsieur
Nous allons tous ensemble au restaurant !
Malheureusement, vous ne pouvez venir !
C’est un restaurant où l’on sert des pâtes,
Et vous, vous n’aimez pas les spaghetti! »
Le serpent, dès lors, n’eut que ses vannes pour compagnie !
« La méchanceté boit elle-même la plus grande partie de son venin. »
Sénèque

Inès AZÉROUAL

Le venin de la parole, West-Lafayette, États-Unis

Sa grâce naturelle lorsqu’il glissait sur l’onde
En faisait le seigneur des plans d’eau à la ronde.
Souvent à son étang venaient des promeneurs
Lui apportant du pain et bien d’autres douceurs.
Canards et poules d’eau, devaient le saluer
Les autres animaux devant lui s’inclinaient.
Le cygne était imbu de sa reconnaissance ,
Sa beauté remplaçant son peu d’intelligence.
A quelques pas de lui, vivant dans les roseaux
Était domicilié un énorme crapaud.
Mouches et moustiques qui sans lui pullulaient,
Composaient ses repas, au lieu de nous piquer.
Cet animal difforme, déplaisait fort au cygne
D’habiter son étang, il le jugeait indigne .
Méchamment il lui dit : Tu altères ma vue ,
Déguerpis de mes eaux, que je ne te vois plus !
– Demain, si je m’en vais, les insectes piqueurs
Deviendront trop nombreux, fini les promeneurs !
Depuis moult moustiques se sont tant reproduits
Personne ne vient plus, voir le cygne aujourd’hui.
Lassée de son engeance, sa cour s’en est allée
Rejoindre le crapaud dans l’étang d’à côté. Moralité
Les êtres prétentieux, quelle que soit leur beauté
Finissent seuls un jour, et c’est bien mérité.

Patrick CHANTEBIEN

Le cygne et le crapaud, Agadir, Maroc

Un partenariat qui porte ses fruits

Cette ouverture aux Français de l’étranger est une avancée pour la valorisation de la culture française à l’étranger, et elle s’inscrit parfaitement dans les valeurs de l’association Français du monde – ADFE, qui œuvre à renforcer les liens entre les Français de l’étranger et la culture française, en particulier avec la francophonie.

Lors de la cérémonie, certains lauréats étrangers ont eu l’occasion de participer en visioconférence, partageant leurs fables et leur passion pour la littérature avec le public. Cette rencontre virtuelle a été un moment fort de cette Nuit de la lecture, témoignant de l’importance de l’échange culturel entre les Français de l’étranger et la France.

La 4e édition du Prix Florian a été une belle réussite, et augure de nouvelles perspectives pour les futures éditions du concours. Une occasion pour Français du monde – ADFE de continuer à œuvrer pour la valorisation de la culture française, à travers des projets qui rassemblent, inspirent et ouvrent des ponts entre les différentes communautés francophones à travers le monde.

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