La Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, chaque 17 mai, nous rappelle qu’à défaut d’être en pointe, la France, nation fondatrice des Droits humains a une responsabilité particulière tant au niveau national qu’international.
Au niveau national, les dépôts de plaintes pour crimes et délits anti-LGBT+ sont en hausse de 28% en 2021! Ce triste résultat est inacceptable et il est temps pour les décideurs publics de prendre toutes les mesures utiles et efficaces. La récente promulgation de la loi contre les thérapies de conversion est certes un signe encourageant qu’il convient de saluer, mais il n’est pas suffisant.
Il est urgent de faire appliquer la loi en renforçant la judiciarisation des actes LGBT+ phobes, en ne laissant rien passer. Partout, tout le temps, dans les écoles, les administrations, les commerces, sur les terrains de sport, dans les entreprises privées, il faut rappeler que NON, l’homophobie, la biphobie, la transphobie n’ont pas leur place, au même titre que les autres discriminations d’ailleurs.
Au niveau européen, dans un contexte de guerre à nos portes, la France doit être au rendez-vous des droits humains. Dans la cadre de la présidence de l’Union Européenne, la France doit clairement réaffirmer que les personnes LGBT+ en provenance d’Ukraine bénéficieront de toutes les protections nécessaires si elles souhaitent venir s’établir en Europe. Le communiqué de presse du Conseil européen publié hier rappelle que : “des efforts supplémentaires sont nécessaires pour offrir un soutien aux personnes LGBTI, une protection et un environnement sûr (…) Dans le cadre des conflits armés et des urgences humanitaires, les personnes LGBTI sont particulièrement en danger.” A son niveau, en proximité, la France peut agir auprès de ses partenaires européens ou des pays qui envisagent de devenir membres de l’Union Européenne.
Enfin, la France doit agir pour que tous nos compatriotes qui souhaitent avoir accès au mariage pour tous, même avec une personne étrangère, puissent le faire. Ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui avec 11 pays qui ne reconnaissent pas le droit à la France de célébrer des mariages entre personnes du même sexe. Dans ces pays, en raison de la hiérarchie des normes, les conventions bilatérales signées entre la France et ces Etats ont une valeur supérieure à la loi française. Ces pays sont la Pologne, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, la Serbie, le Kosovo, la Slovénie, le Laos, le Cambodge, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. Ainsi, nos compatriotes qui souhaiteraient pouvoir célébrer au sein de l’Ambassade de France ou du Consulat de ces pays un mariage avec une personne de même sexe ne peuvent pas le faire ! En respect de la souveraineté de chaque état, la France doit aussi agir auprès des pays qui ne présentent pas de contre-indications cultuelles ou culturelles, comme par exemple le Cambodge et le Laos.
La loi Taubira a consacré une évolution sociétale majeure en 2013, il faut désormais corriger toutes les imperfections de ce texte pour rétablir pleinement une égalité des droits. L’Etat français doit agir et faire évoluer le droit !
En ce jour du 17 mai, c’est bien cela qui est le plus important : établir ou rétablir l’égalité des droits. Au niveau local, au niveau européen, au niveau international, la France doit porter une voix forte en agissant pour les droits des personnes LGBT+.
Florian Bohême,
Membre du Bureau national de Français du monde-adfe
Voir aussi : Français du monde N°205