Accueil 5 L'association 5 L’accord d’Escazù, une possibilité de participation citoyenne et de démocratie environnementale

Notre section au Chili a organisé le mercredi 5 août 2020 un séminaire en ligne sur l’Accord d’Escazú. Destiné tant à la communauté française que chilienne, il a permis de mieux comprendre les enjeux autour de cet accord international.

L’Accord d’Escazú est un traité sur l’environnement et les droits humains promu par le Chili depuis 2011. Il vise à garantir le droit des générations présentes et futures à vivre dans un environnement sain et à être protégées par une justice environnementale. Ses piliers sont l’accès à l’information, à la participation, à la justice et la protection des défenseuses et défenseurs de l’environnement. Pourquoi choisir d’aborder ce thème ? Notre section, durant les longs mois de confinement vécus dans tout le Chili et plus particulièrement à Santiago (où se trouve une majorité des adhérents de l’association) a continué de se réunir par visioconférences et d’échanger sur les sujets d’actualité et évidemment sur la Covid-19.

Nous savons toutes et tous que la crise sanitaire actuelle est aussi une crise environnementale. Le coronavirus est le symptôme d’un modèle de société qui pille les ressources, au point que nous pouvons de moins en moins vivre en harmonie avec les autres espèces du fait de la déforestation et de la surexploitation animale. L’Amérique latine est une région du monde particulièrement touchée par le pillage de ses ressources, comme en témoignent les images des incendies en Amazonie. Et au Chili ? Notre pays regorge de ressources que le néolibéralisme s’approprie sans cesse, industries minières et forestières en tête. Pour fonctionner, les mines ont d’énormes besoins en eau et en électricité, d’où l’apparition un peu partout dans le pays de projets de centrales hydro-électriques. Quant à la question du bois, ce sont des milliers d’hectares d’arbres qui sont rasés, très souvent sur des terres ancestrales appartenant aux communautés Mapuche du sud du pays.

Face à ces prédations, de nombreux activistes élèvent la voix. D’après l’ONG britannique Global Witness, 212 défenseuses et défenseurs de l’environnement ont été assassinés en 2019, un chiffre record. L’Amérique latine représente à elle seule les deux tiers de cette terrible réalité avec, entre autres, 64 morts en Colombie et 33 en Amazonie. L’ONG a déclaré le Honduras pays le plus dangereux pour les activistes environnementaux, comme en témoigne l’assassinat de Berta Cáceres en 2016.

Au Chili aussi, des activistes sont assassinés pour s’être opposés aux entreprises qui accaparent les terres et détruisent l’environnement. Quand ils ne sont pas tués, ils subissent de nombreuses menaces, des campagnes de calomnie, des procès leur sont intentés afin de les réduire au silence. Violations des droits humains et de l’environnement vont de pair dans un pays laboratoire du néolibéralisme depuis la dictature de Pinochet et la mise en place de la politique ultralibérale des « Chicago Boys  ».

L’Accord d’Escazú est un traité régional signé officiellement le 4 mars 2018 à Escazú au Costa Rica. La date limite pour adhérer à l’Accord a été fixée au 26 septembre 2020. Il est issu de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) et se fonde sur le principe n°10 de la Déclaration de Rio de 1992 sur l’environnement et le développement, qui établit que : « La meilleure façon de traiter les questions d’environnement est d’assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient. Au niveau national, chaque individu doit avoir dûment accès aux informations relatives à l’environnement que détiennent les autorités publiques, y compris aux informations relatives aux substances et activités dangereuses dans leurs collectivités, et avoir la possibilité de participer aux processus de prise de décision. Les États doivent faciliter et encourager la sensibilisation et la participation du public en mettant les informations à la disposition de celui-ci. Un accès effectif à des actions judiciaires et administratives, notamment des réparations et des recours, doit être assuré.  » Le Chili a été à l’initiative de cet accord multilatéral, mais aujourd’hui, il refuse de le signer, arguant que le pays dispose déjà d’une législation moderne et très complète en la matière. De plus, l’accord exposerait le Chili à d’éventuelles demandes devant des tribunaux internationaux.

C’est parce que ces questions de droits humains et de droits de l’environnement sont au centre de nos préoccupations que notre section a décidé d’organiser cette rencontre. Nous avons eu le plaisir de pouvoir dialoguer avec des invités de très grande qualité : Valentina Durán (avocate, directrice du Centre de droit de l’environnement de l’Université du Chili), Gabriela Simonetti (défenseuse de l’environnement, ONG Alerta Isla Riesco) et Sebastián Benfeld (porte-parole pour la défense du traité d’Escazú). Cette conférence a été animée par deux enseignants en sciences économiques et sociales du lycée français de Santiago, tous deux membres de Français du monde-adfe, et diffusée en direct via Facebook Live. Un vrai succès, une très riche expérience que nous espérons renouveler bientôt sur d’autres thématiques environnementales et autour du référendum à venir pour le changement de Constitution.

Catherine Blanche, section Chili

Pour les hispanophones, le webinaire sur la page Facebook de l’association :
https://www.facebook.com/fdmadfechili/videos/2804595313153646/?extid=moOoixjwBqjF87ql&d=n

Références :
Télécharger l’Accord d’Escazú en version française.
Suivre ici en direct les informations et signataires de l’Accord sur le site de la CEPAL.

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