Les valeurs défendues par Français du monde-adfe portent en elles la lutte contre la violence faites aux femmes, et par exemple, la lutte contre les mariages forcés fait partie de combats portés par l´association. Comme membre actifs de l´association et comme Françaises et Français de l´étranger, nous pouvons connaître dans nos pays d´accueil, parmi nos amis, nos familles, les milieux que nous fréquentons des situations critiques, car nous savons bien que la violence contre les femmes ne connait ni frontières géographiques, ni limites sociales. Français du Monde-ADFE se solidarise avec les actions entreprises dans ce cadre-là et incite les sections à contribuer à ce combat en participant à des évènements et des initiatives organisés dans le pays où elles se trouvent. Le silence ferait de nous des complices.
Pourquoi la date du 25 novembre ?
Le 25 novembre, est devenu en 2003, à l´initiative des Nations Unies, la Journée internationale pour l´élimination de la violence à l´égard des femmes. La date choisie fait référence au crime commis contre les sœurs Mirabal, opposantes au dictateur dominicain Rafael Trujillo. La police qui avait toujours persécuté la famille, finit par assassiner sur une route de montagne au cœur de l’île les trois femmes. Militantes d’un mouvement clandestin, elles revenaient d’un centre pénitentiaire où leurs maris étaient incarcérés.
Les chiffres de la honte
La violence est inacceptable, que la victime en soit une femme ou un homme. Les hommes, par leur présence active dans les conflits armés par exemple connaissent violence, tortures et assassinats. Cependant, les chiffres sont là : 35% des femmes et filles sont exposées à une forme de violence physique et/ou sexuelle au cours leur vie et dans certains pays, 7 femmes sur 10 sont victimes d’abus. On estime que plus de 30 millions de filles âgées de moins de 15 ans risquent de subir des mutilations génitales féminines et que plus 130 millions en ont été victimes. Dans le monde, plus de 700 millions de femmes aujourd’hui mariées l’ont été quand elles étaient enfant, dont 250 millions avant l’âge de 15 ans. Les filles qui se marient avant l’âge de 18 ans ont moins de chances de finir leur scolarité et sont plus exposées à la violence domestique et aux complications liées à la grossesse. Enfin, les coûts et conséquences dus à la violence à l’égard des femmes se font sentir sur plusieurs générations.
La condition féminine accentue donc les possibilités d´exactions reçues, puisqu´un certain nombre de violences ne sont connus que par des femmes. Mais au-delà de la condamnation de ces actes, à qui s´adresse ce message ? Il est peu probable qu´il parvienne aux responsables directs de ces violences, à l´homme qui lève la main sur sa compagne, au père qui marie sa fille pubère, à celui qui empêche des fillettes d´aller à l´école ou au chef de guerre qui enlève de jeunes villageoises pour les livrer au viol collectif et à l´esclavage exercés par ses soldats. On peut d´ailleurs considérer que les hommes qui commettent ce type de brutalités sont aussi des victimes, des victimes de systèmes qui tendent à maintenir des états de fait mais aussi des victimes de toutes sortes de violences qui les transforment à leur tour en bourreaux.
Alors à quoi sert une Journée internationale ?
C´est bien entendu un effet de loupe médiatique sur les nombreuses initiatives organisées notamment par les Nations Unies et ses agences (ONU Femmes,…) qui privilégient la multiplicité des types d´intervention afin de garantir la pérennité des actions : prévention de la violence par la mobilisation communautaire ou par le changement des normes sociales, interventions en milieu scolaire et dans la société civile. Avec par exemple, des ateliers de formation pour de jeunes leaders du mouvement de scoutisme féminin, la mise en place d´un centre polyvalent pour les femmes pour traiter les traumatismes et fournir un soutien psychosocial à la suite d´un tremblement de terre, la promulgation d´une loi qui permette une plus grande attention aux enquêtes policières pour fémicide ou une formation pour les femmes Casques bleus afin que les officières militaires participant à des missions de maintien de la paix soient sensibilisées à la lutte contre la violence sexuelle.
Au-delà du travail des organismes internationaux, le message a vocation à alerter aussi divers secteurs de la société : les responsables des collectivités et des institutions, que ce soit un maître d´école, une gendarme, un conseiller municipal, toute personne qui dans le cadre de ses fonctions peut se trouver confrontée à une situation de violence, et qui doit savoir orienter la victime et mettre fin à l´abus. Un élu qui attribue davantage de moyens pour l´accueil, la résilience, la réinsertion, l´accompagnement, ou un simple citoyen qui aide sa collègue de travail qui explique ses hématomes par des chutes à répétition. Agir est à la portée de chacun et chacune.
Lutte et prévention en France
En France, depuis 2012, la prévention et la lutte contre l’ensemble des violences faites aux femmes constituent une priorité de l’action du Gouvernement, comme en témoigne, notamment, la création d’un ministère des Droits des femmes spécifiquement impliqué sur ces questions. Il est d’ailleurs en charge du suivi du 4e plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes, construit autour de trois priorités sur lesquelles le Gouvernement s’engage et dont il sera comptable notamment à l’égard du Parlement : organiser l’action publique autour d’un principe d’action simple – aucune violence déclarée ne doit rester sans réponse – protéger efficacement les victimes et mobiliser l’ensemble de la société. En outre, une mission interministérielle de protection des femmes contre les violences et de lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) a été créée dès janvier 2013 avec pour objet de rassembler, analyser et diffuser les informations et données relatives aux violences faites aux femmes. En lien avec les ministères concernés, elle est également chargée de définir un plan de sensibilisation et de formation des professionnels sur les violences faites aux femmes. Par ailleurs, la loi-cadre pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, du 4 août 2014, inclut une dimension de lutte contre les violences faites aux femmes, grâce au renforcement de l’ordonnance de protection, au déploiement des infractions relatives au harcèlement et à la priorité donnée à l’éviction du conjoint violent du domicile. Enfin, la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel arrive, dans quelques jours, au terme du processus législatif. Espérons qu’elle permette une avancée majeure.