Le professeur de droit Gilles Cistac a été assassiné le 3 Mars, alors qu’il sortait de son café habituel dans la principale artère de Maputo.
La nouvelle a violemment surpris la communauté française et en particulier la section de Mozambique de Français du Monde, dont certains membres étaient des amis de Gilles. Elle a également profondément affecté la société civile mozambicaine et le public en général.
Juriste, Gilles Cistac est arrivé au Mozambique comme coopérant en 1993, juste après la fin de la guerre civile ; il y est resté par passion pour ce pays attachant et neuf, jeune démocratie, où l’état de droit était – et est encore – à construire. Ses connaissances juridiques ont été mises à profit à plusieurs occasions pour la préparation ou l’interprétation de la loi. Il était également professeur émérite et apprécié à la Faculté de droit, dont il était devenu le directeur-adjoint pour la recherche. Il a écrit plusieurs ouvrages de droit mozambicain.
Rappelons que le Mozambique est en proie à des conflits politiques où s’opposent le FRELIMO, parti au pouvoir depuis l’indépendance et la RENAMO, dans un contexte de corruption, d’impunité et d’insécurité généralisée. Dans le centre du pays des attaques ont provoqué depuis 2013 l’interruption du trafic sur le principal axe routier du pays, avec de graves conséquence sur l’économie locale et nationale. Les dernières élections ont donné une majorité à la RENAMO dans six des onze provinces, tant pour les Assemblées provinciales que pour l’Assemblée nationale .
Depuis les élections le FRELIMO et la RENAMO s’opposent sur la création de collectivités territoriales décentralisées dotées de personnalité juridique et d’une administration propre.
Gilles Cistac, en tant que spécialiste de droit constitutionnel, avait confirmé que la constitution permettait une telle organisation. C´est pour cette raison qu’il avait récemment été violemment pris à parti dans un blog anonyme, accusé d’être un « espion à la solde de la France et des puissances occidentales avides de piller les richesses du pays » et d’avoir « obtenu sa nationalité mozambicaine par des moyens frauduleux ». Il avait porté plainte.
Face à ce drame, la section du Mozambique de FDM s’associe à la douleur de la famille et a publié un message de condoléance. Nous avons demandé et obtenu très rapidement une entrevue avec l’ambassadeur de France qui a agi en priorité pour la sécurité et l’avenir de sa fille, organisant le rapatriement du corps en France.
La France, par sa voix, a par ailleurs « exigé que les assassins de Gilles Cistac soient punis » – Gilles Cistac était mozambicain d´adoption, mais n’avait pas cessé d’être français. Nous avons donc apprécié la présence de l’ambassadeur et de nombreux personnels de l’ambassade lors de la marche de protestation pacifique qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Maputo, le samedi 7 mars, à l’initiative des étudiants de la Faculté de Droit et de diverses organisations de la société civile mozambicaine, et le discours lu par le chargé d´affaire de l´ambassade lors de l´hommage rendu à Gilles Cistac par l´Université Eduardo Mondlane le 10 mars, auquel ont participé plus d´un millier de personnes. Par ailleurs, ses étudiants lui rendront également un hommage au cours d’une soirée « Liberté et Tolérance » qui aura lieu au Centre culturel franco-mozambicain le 24 mars prochain.