« On est toujours l’étranger de quelqu’un. Apprendre à vivre ensemble, c’est cela lutter contre le racisme »
Tahar Ben Jelloun
Lilian Thuram, après la carrière remarquable qu´on lui connait (joueur le plus sélectionné de l´équipe de France) a décidé, comme il le raconte lui-même, de changer le monde en guise de profession, puisque le football est un jeu d’enfant.Grâce à une série de rencontres, qui ne doivent rien au hasard tant sa personnalité est magnétique, il a créé une fondation « Education contre le racisme ». C’est un thème qui lui tient à cœur depuis longtemps, depuis son arrivée en métropole, tout au moins. Il privilégie l´échange avec les enfants et les jeunes, par goût mais aussi par conviction. Pour faire passer le message, la Fondation a signé des accords avec l’AEFE, mais aussi avec Français du monde-adfe. Dans les deux cas, cela fait sens : les lycées français de l’étranger sont par nature de véritables melting-pot puisque qu´ils concentrent des familles de tous les horizons géographiques, avec toutes les déclinaisons possibles ; quant à l’association Français du Monde, c´est intrinsèque à sa nature même.
La section Equateur de Français du monde-adfe a donc pris contact avec la Fondation Lilian Thuram. Comme l’Equateur a une extension géographique inversement proportionnelle à sa mégadiversité de peuples et nationalités (selon les termes de l´autodétermination), il nous a semblé intéressant de faire réfléchir les enfants et les jeunes immergés dans un pays pluriel et dans un établissement fort de 34 nationalités. Lilian Thuram ne facture pas ses interventions, et sa Fondation ne finance pas non plus ses voyages, d’où un indispensable montage financier : malgré l’appui du lycée français La Condamine où était prévue la majorité des interventions, et le soutien de l´Ambassade et de l’Alliance Française qui sont des partenaires « naturels », il nous manquait encore un billet d`avion pour le directeur de la Fondation, Lionel Gauthier, bras droit de Lilian, qui fait exister le projet et protège la vedette, de manière ferme mais toujours cordiale. Nous avons donc fait appel, d’une part, au Ministère des Sports équatorien (dont le Ministre et le Vice-ministre sont également d´anciens footballeurs professionnels) qui a pris en charge la conférence de presse (couverture médiatique digne d’un chef d’état) et une visite en province ; d’autre part, à l´Organisation des Etats Ibéro-américains dont les actions se portent principalement sur l´éducation et la culture et qui organisait justement à Quito un concours sur les valeurs du sport dont Lilian a remis le prix. Il a passé une matinée dans une école publique qui pratique l´inclusion : match de foot avec Lilian comme capitaine de l’équipe des enfants de l´Institut des Sourds-Muets, puis échange avec tous les jeunes. Finalement l’Hôtel Hilton a reçu les deux visiteurs en échange d´un peu de notoriété, en cette année de Mondial qui verra de surcroît la France affronter l’Equateur le 25 juin. La Fondation dispose d´un matériel particulièrement intéressant en livres traduits en plusieurs langues, DVD, exposition et dorénavant même d’une BD.
Nous avons donc connu entre le 10 et le 15 février, une semaine intense, en activités, en rencontres, en réflexions et aussi en émotions. Nous sommes convaincus que cette expérience s´exporte très bien (d’ailleurs nous avons été contactés par d´autres pays) et que cet enseignement de vie est enrichissant pour tous. Aussi, nous invitons les autres sections à profiter de cette relation avec une personnalité comme Lilian Thuram, qui met sa notoriété d´ancien champion au service des valeurs que nous portons.
Florence Baillon
