Ce dimanche 25 mars 2012 le Sénégal va vivre le 2ème tour de son élection présidentielle. 5 302 349 Sénégalais sont appelés à voter. Au premier tour ils étaient seulement 2 735 135 à se déplacer soit un taux de participation de 51,58 %. Abdoulaye Wade est arrivé en tête avec 34,82 % des voix suivi de Macky Sall qui a obtenu 26,57 % des voix.
Si l’on se base uniquement sur le report des voix, Macky Sall devrait remporter ce 2nd tour. En effet,les candidats éliminés au premier tour ont tous appelé à voter pour lui. Seulement à deux jours de l’échéance rien ne semble joué.
Ce dimanche les Sénégalais doivent choisir entre deux hommes se réclamant du courant politique libéral. Sur quoi ces deux candidats se basent-ils pour affirmer leurs différences ?
Macky Sall s’est engagé à appliquer les conclusions des Assises Nationales et a affirmé sa volonté d’instaurer le principe de la bonne gouvernance et de la transparence dans la gestion de l’Etat sénégalais. A cela s’ajoute la dimension sociale de son programme. Pour la jeunesse confrontée à de nombreuses difficultés (chômage, précarité etc…) il propose de revoir le système éducatif et de créer 100 000 emplois/an sur 5 ans. Pour ce qui est des ménages, qui ont vu leur « dépense quotidienne » sensiblement augmenter ces 5 dernières années, Macky Sall s’engage à baisser le coût des denrées de première nécessité.
Quant à Abdoulaye Wade il met l’accent sur ses réalisations engagées depuis 2000. Il faut dire qu’en 12 ans le visage de Dakar a complètement changé : développement d’infrastructures, création de nouveaux axes routiers pour désengorger la capitale (autoroute à péage), modernisation du port de Dakar etc… Ces aménagements sont des traces visibles, concrètes que le président peut afficher dignement car il est le seul à avoir autant entrepris jusqu’à ce jour. A cela s’ajoute le projet en cours de construction du nouvel aéroport de Diass, à 50 kilomètres de Dakar. Abdoulaye Wade demande aux Sénégalais de lui permettre de briguer un troisième mandat pour terminer ce qu’il a engagé et pour notamment, développer la zone économique située autour du nouvel aéroport.
Au delà de la campagne électorale qui aura été marquée par des violences politiques jamais égalées par le passé (plusieurs morts) on peut dire que la vie politique sénégalaise connait un tournant décisif. En effet l’émergence de mouvements citoyens comme le Mouvement du 23 Juin (M23) ou le mouvement des jeunes « Y’en a marre », initié par des rappeurs, a constitué une sentinelle qui a permis de préserver les acquis démocratiques de ce pays cité comme exemple en Afrique.
Ce mouvement citoyen a été d’une telle force qu’il a fait reculer l’influence du religieux dans le champ politique. En effet les chefs des confréries religieuses se sont presque tous abstenus de donner des consignes de vote en faveur des candidats qui n’ont pourtant pas cessé de les solliciter.
Jamais dans toute l’histoire politique de ce pays la société civile n’a autant joué son rôle de veille et de contre pouvoir citoyen. Un contre pouvoir constructif qui a permis aux candidats de se rendre compte de la maturité et de l’exigence du peuple sénégalais. Le prochain chef d’Etat élu n’aura qu’à bien se tenir car le citoyen sénégalais aujourd’hui connait ses droits mais aussi ses devoirs. Il sait aussi que ces mêmes droits et devoirs s’appliquent au chef de l’Etat.
De Dakar, le 23 mars 2012
Sandrine Lemare-Boly