Le 1er avril 2002, les Pays-Bas devenaient le premier pays au monde à reconnaître l’euthanasie (étymologiquement « la bonne mort ») comme un acte légal, mettant fin à deux décennies durant lesquelles l’euthanasie était pratiquée dans l’illégalité. C’était il y a 20 ans.
La loi néerlandaise du 11 avril 2001 entrée en application le 01 avril 2002 autorise l’euthanasie et le suicide assisté. Si la première année, le nombre de personnes euthanasiées était de 1 882, le chiffre s’élève 10 ans plus tard à 4 188 pour atteindre presque 7 000 personnes dans les années 2020 soit environ 19 euthanasies pratiquées par jour. Ce chiffre a triplé en 20 ans. Toutefois, la moyenne de 80% de patients euthanasiés car souffrant de maladies incurables reste stable. Autrement dit, depuis 20 ans, il existe environ 20% des personnes euthanasiées qui choisissent cette solution finale pour des raisons telles que le mal-être, la fragilité, la vieillesse, la lassitude etc. Si les conditions pour pratiquer une euthanasie ou suicide assistée telles que définies par la loi de 2001 n’ont pas évolué, leurs interprétations sont en revanche sources de discussions. Par exemple, l’Association pour une fin de vie volontaire et la Coopération pour la dernière volonté militent depuis des années pour que le Parlement hollandais autorise le suicide assisté – sans motif particulier – sur des personnes âgées de plus de 70 ans qui en font la demande.
Les Pays-Bas demeurent toutefois une exception, non seulement dans l’acceptation ample des motifs, mais également dans la simple possibilité de mourir dans la dignité, situation qui est loin d’être répandue dans le monde. En effet, l’euthanasie active est légale en Belgique, au Canada, en Colombie, au Luxembourg et aux Pays-Bas, alors que le suicide assisté est permis en Suisse et dans certains États étasuniens (Oregon, Washington, Montana, Vermont et Californie).
Il existe cependant de nombreux pays qui ont légalisé l’arrêt des traitements à la demande du patient, interdit l’acharnement thérapeutique et institué des initiatives d’accompagnement des patients en fin de vie.
Il s’agit d’un sujet de société important qui soulève des questions éthiques, morales, médicales, sociétales et culturelles et concerne le droit des individus. Objet de débat, nous avions évoqué ce sujet précédemment avec l’entretien de Jean-Luc Romero-Michel, président d’honneur de l’Association du droit de mourir dans la dignité.
Vanessa Gondouin-Haustein
Administratrice
Pays-Bas
Sources :