L’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) est une assemblée composée de 90 conseillers élus pour 6 ans au suffrage universel indirect dans 15 circonscriptions couvrant le monde entier. Son président est élu par et parmi ses membres. Elle est leur porte-parole et le défenseur de leurs droits et intérêts. L’assemblée est l’interlocutrice du gouvernement sur la situation des Français établis hors de France et les politiques conduites à leur égard.
Depuis 2014, l’AFE est présidée par Marc Villard.
Présider l’Assemblée des Français de l’étranger, une tâche de longue haleine
Il y a sept ans, Français du Monde-adfe m’avait accordé une interview à la suite de mon élection à la présidence de l’AFE… Aujourd’hui, l’association m’ouvre à nouveau les pages de son magazine pour vous parler de cette assemblée, de ses forces et de ses faiblesses, tirer quelques enseignements de ces sept années passées à sa présidence, et indiquer plusieurs pistes pour le futur. Président de cette Assemblée à laquelle je suis très attaché, où j’ai éprouvé beaucoup de plaisir à travailler, j’espère ne pas être trop impartial… Les élus se répartissent au sein de l’assemblée en fonction de leur appartenance ou affinité politique, et c’est en fonction de cette répartition que sont attribués les différents postes de responsabilité au sein du Bureau et des présidences des 6 commissions (cf. Règlement Intérieur.) Le Président, les deux Vice-Présidents et les six membres du Bureau sont les instances dirigeantes de l’Assemblée telles que définies par les textes mais, dans la pratique, y sont associés les présidents de groupes, au nombre de trois, et les six présidentes et présidents de commissions, ce qui forme le Bureau élargi.
Si parfois lors de nos sessions plénières, nous assistons à des affrontements idéologiques, avec force déclarations solennelles teintées de lyrisme militant et envolées de manches, le plus souvent, nous nous retrouvons sur ce qui, au-delà de nos sensibilités politiques, est notre préoccupation essentielle : la défense de nos compatriotes.
Les sujets qui concernent nos compatriotes sont traités par six commissions thématiques, qui, déjà nourries de l’expérience de terrain de ses membres et des remontées des conseillers des Français de l’étranger, auditionnent des personnalités extérieures, politiques, diplomatiques, administratives, qui les informent et qu’elles informent.* Ces travaux en commission font l’objet d’un compte rendu, et très souvent de résolutions qui sont autant de demandes, de recommandations à notre administration et à notre gouvernement. Ces comptes rendus sont présentés en session plénière, et les résolutions préparées par les commissions sont discutées et votées pour devenir des résolutions de l’Assemblée.
Les faiblesses de notre Assemblée
Commençons par les faiblesses : cette assemblée n’est que consultative, ce qui est frustrant quand on sait que nous sommes la seule assemblée représentative de nos compatriotes et de surcroît composée d’élus locaux au suffrage universel. Cette assemblée, si elle a la chance – contrairement aux conseillers des Français de l’étranger – d’être dotée d’un Secrétariat général, reste dans son fonctionnement très dépendante de l’administration et des moyens – hélas en baisse – qui lui sont octroyés ! Si, dans les administrations, beaucoup reconnaissent la qualité du travail effectué, la pertinence des interventions, des questions posées, malheureusement, encore trop de résolutions, trop de questions restent lettre morte… Enfin, et c’est là un de mes grands regrets, la complémentarité conseillers des Français de l’étranger – conseillers AFE n’a pas joué à plein, même si on a vu une nette amélioration ces deux dernières années…
Ses forces
Nous avons démontré aux sceptiques, qui ne croyaient pas en une Assemblée présidée par un élu que nous étions capables de nous prendre en main, de maintenir et de renforcer les relations de confiance avec les différents services de l’Etat compétents pour les questions concernant les Français de l’étranger. La Commission permanente des Français de l’étranger qui, à l’initiative du Secrétaire d’État, réunit le Bureau élargi de l’Assemblée, les parlementaires représentant les Français de l’étranger et le Secrétaire d’État, permet désormais des échanges directs et davantage d’implication. En tant que Président de l’AFE, j’ai été associé à des réunions de crise avec le ministre Jean-Yves Le Drian ou le secrétaire d’État, et j’ai pu y faire entendre notre voix. Enfin et surtout, cette Assemblée est le seul lieu d’échange transversal, réunissant des élus venus du monde entier, dans laquelle sont traités les sujets qui nous préoccupent, qui préoccupent nos compatriotes, un lieu où on peut s’informer et informer.
Quelles pistes d’amélioration ?
Il faut bien évidemment pallier les faiblesses citées plus haut, et il y en a au moins une dont la correction ne tient qu’à nous, vos élus conseillers des Français de l’étranger : améliorer la complémentarité entre vous et les conseillers AFE, cela renforcera la crédibilité et l’efficacité de l’AFE et permettra une meilleure communication auprès de nos concitoyens. Organisons-nous mêmes un maillage régional, utilisons plus et mieux les espaces collaboratifs et forums ouverts sur le site de l’AFE, facilitons l’accès à nos travaux, améliorons la communication entre l’AFE et les élus et en direction de nos compatriotes.
En conclusion, que vous soyez ou non élus, intéressez vous à l’AFE, à ses travaux, n’hésitez pas à partager vos expériences de terrain avec vos élus locaux ou AFE, faites en sorte par votre participation, vos marques d’intérêts, mais aussi vos critiques, que l’AFE soit aussi votre Assemblée !
Marc Villard