A ceux qui croiraient encore que la Belgique n’est qu’une excroissance nordique de notre bel hexagone, la crise de la Covid-19 apporte un vigoureux démenti.
Non, ici, nous n’avons pas la sensation d’être en guerre mais nous luttons courageusement face au principal adversaire en période de virus mondial : la frousse. Le Belge s’est certes rué, comme ses cousins français, dans les magasins pour compléter son stock de boîtes de conserves et de papier toilette, mais l’atmosphère générale est responsable et moins angoissée qu’en France : bénéfice d’avoir à gérer un pays de taille plus réduite ? Les services hospitaliers, très sollicités, n’ont pas été submergés, même si le nombre de morts est, en valeur relative, comparable à celui de la France. Si la pénurie de tests et de masques est ici, comme outre-Quiévrain, à déplorer, le Belge prend son mal en patience. Ici, le système d’indemnisation du chômage n’est pourtant pas aussi protecteur qu’en France, nos compatriotes qui ont une activité économique sont moins protégés, mais on attend aussi nettement moins de l’Etat en général et des politiques en particulier. L’Etat n’est ni centralisé, ni jacobin. Le Roi des Belges y est allé de son discours. Tout le monde a écouté d’une oreille distraite. Et quand la première ministre s’exprime, on suit les principales annonces sur le Net plutôt que pendu à son poste.
Le Belge est un pragmatique et vivre en Belgique, c´est se convertir à ce pragmatisme-là. À une forme d´indépendance d´esprit aussi. Le confinement est moins strict : l’activité physique en plein air « est encouragée », sans système d’autorisation et sans limite de durée. Autant dire que ceux qui habitent près d’espaces verts peuvent aller s’oxygéner à souhait, dès lors qu´ils sont en mouvement et pas plus de deux.
Le franchissement des frontières, ici comme ailleurs, a été soumis à des contrôles au départ plutôt souples puis allant se durcissant. Une difficulté pour les nombreux frontaliers habitués à franchir plusieurs fois par jour la frontière qui traverse parfois la rue de leur village.
Le voisin des Pays-Bas est regardé avec suspicion, lui qui a choisi le système de « l’immunité collective » et de l’absence de confinement. Et la frontière avec les Bataves a donc logiquement fait l´objet d´un contrôle plus poussé.
Au moment où j’écris cet article, nous attendons les annonces d’une probable poursuite de confinement dans un esprit de coordination avec la France.
Si la Belgique n’est pas la France, on peut néanmoins compter sur une certaine convergence de vue sur l’essentiel ! Restons chez nous à boire de la bière et manger des frites et, peut être, à relire un bon album de Tintin, en écoutant du Brel.
La belge attitude, c’est un art de vivre chez soi quand il pleut comme dans un roman de Simenon.
Boris Faure, section de Belgique