Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a mis en place des réunions téléphoniques régulières avec les parlementaires représentant les Français de l’étranger (les 19 et 26 mars) et avec les associations des Français de l’étranger (Français du monde-adfe, UFE et FIAFE) (le 27 mars). Participent à ces réunions le Directeur du centre de crise (CDCS), l’AEFE, Laurence Haguenauer, Directrice de la DFAE, Laurence Auer, Directrice de la culture, de l’enseignement, de la recherche et du réseau, les membres de leurs cabinets et de celui de Jean-Yves Le Drian.
Ceci est une synthèse de ces réunions, qui ont pour but les échanges mutuels d’informations.
Tous les participants ont salué la réactivité et l’engagement du réseau consulaire et se sont réjouis des premières avancées :
- suspension du délai de carence pour l’accès aux soins en France ;
- obtention d’un délai de deux mois supplémentaires pour l’envoi des certificats de vie. Contrairement à ce qui avait été dit précédemment, ce délai est valable aussi pour l’Agirc-Arcco;
- l’organisation du retour des ressortissants français est difficile mais 100 000 ont été rapatriés à ce jour. Le vendredi 20 mars Il y avait 130 000 Français en vacances ou en voyage d’affaires à l’étranger, parfois très éparpillés dans le pays (ex. Philippines).
Sujets abordés :
- Réseau consulaire: il s’adapte à la situation. Des postes ont dû fermer (Barcelone, Douala) car des agents sont malades, mais grâce au télétravail, l’activité continue. L’accueil téléphonique est assuré mais parfois débordé, l’ouverture se fait uniquement sur rendez-vous, pour établir un laissez-passer. Le MEAE a mis en place une foire aux questions sur le site du ministère.
- Cellule de crise du MEAE
100 000 personnes ont déjà été rapatriées grâce à une dynamique commerciale, le travail diplomatique et l’affrètement de vols spéciaux. Il reste encore plusieurs dizaines de milliers de compatriotes à rapatrier (notamment Cambodge, Malaisie, Inde, Australie, RCA, Tchad, Sénégal, Algérie, Tunisie). Les vols sont programmés, l’envoi d’avions militaires est envisagé dans certains de ces pays. Il est parfois difficile de rejoindre l’aéroport en raison des limitations de circulation d’une ville à l’autre, notamment depuis des îles d’un archipel (Philippines) et dans certains pays d’Amérique du Sud (Pérou).
La question du prix exorbitant des billets est mentionnée. Jean-Baptiste Lemoyne nous affirme qu’il a demandé un effort aux compagnies françaises mais n’a pas de levier sur les autres, avec lesquels les tarifs sont négociés. Cependant, lorsque les personnes achètent directement leur billet, c’est l’offre et la demande qui jouent et des Français paient des billets hors de prix pour des vols finalement annulés, mais pas remboursés.
Le niveau sanitaire ou les mesures insuffisantes prises dans certains pays inquiètent les résidents français qui aimeraient connaitre les conditions d’un éventuel rapatriement. Nous nous sommes inquiétés de l’accompagnement et de l’accueil à l’arrivée, en cas de rapatriement de Français sans domicile en France, et avons demandé si la DFAE était en relation avec France Horizon. La cellule de crise s’est saisie du dossier.
- Retours en France
Les soignants, les personnes fragilisés, avec des problèmes de santé sont prioritaires. Les personnes positives au Covid19 sont au préalable confinées et placées en quatorzaine avant de pouvoir prendre un vol.
Il a été indiqué qu’en plus de la déclaration d’attestation obligatoire, il faudra bien conserver le billet d’avion lors du retour en France, s’il y a des contrôles de police. Il a été demandé que les attestations obligatoires puissent être données par Air France lors des vols retour.
En RCA ou au Tchad, un avion militaire pourrait être mobilisé pour les retours.
La fermeture de l’aéroport d’Orly, le 26 mars à minuit, n’empêchera pas les retours en France. Il est inutile de s’inquiéter pour cela.
- Visas
Sur les visas de séjours courts pour les PVTistes, VIE, étudiants et autres, il y a une nécessité à engager des négociations sur le prolongement de ces permis de séjour temporaire qui vont expirer.
Des démarches locales vont être privilégiées, pays par pays, en fonction des besoin (États-Unis, Australie, Canada, etc.).
- Social
Les CCPAS peuvent actuellement soutenir l’aide sociale qui est demandée par les Français fragilisés. Des enveloppes d’aide exceptionnelle seront abondées au fur et à mesure, le Ministre est alerté mais, en cas de forte demande, il faudra abonder le budget de l’aide sociale du MEAE dans le cadre de la prochaine loi de finances rectificative.
Sur le mécanisme STAFE (dont le calendrier est modifié), les critères ont été un peu modifiés, le seuil du financement par l’association pouvant être baissé jusqu’à 20%, priorité sera donnée aux associations qui ont travaillé aux côtés des ambassades et consulats durant la crise. La DFAE a écarté le fait que le système STAFE serve à alimenter l’aide sociale.
- Établissements d’enseignement français à l’étranger /Alliances françaises / FLAM
La totalité du réseau scolaire est fermée, 522 établissements, 375 000 élèves dépendent maintenant du système de continuité pédagogique qui est engagé partout.
Après 15 jours de mise en place du système de continuité pédagogique, les chefs d’établissements vont dresser un bilan avec les enseignants et les parents d’élèves sur le fonctionnement du système.
Nous avons attiré l’attention sur les difficultés matérielles de la dématérialisation (réseau et supports informatiques diversement répartis). Nous avons également signalé la difficulté à mener simultanément télétravail et continuité pédagogique, surtout dans les familles ayant des enfants de différents niveaux scolaires.
Sur l’enseignement à distance, le CNED est saturé, mais RFI, TV5, France Éducation fournissent, chaque jour, un important matériel pédagogique. Le déblocage de la géolocalisation est en cours de négociation avec les chaînes du groupe France Télévisions, pour permettre de suivre les programmes d’enseignement (notamment ceux de France 4), nous avons demandé que le Réseau Canopé soit en accès libre.
Laurence Auer espère que cette crise sanitaire amènera à une réflexion globale afin que les contenus des opérateurs soient disponibles sur une plateforme mondiale qui rachèterait les droits de diffusion. Elle signale particulièrement la difficulté à faire comprendre aux opérateurs la raison de cette demande de dé-géolocalisation.
Concernant les finances de l’AEFE, le directeur de l’Agence a indiqué qu’un trimestre de frais de scolarité représentait 800M€ de rentrée financière sur l’ensemble du réseau (tous établissements confondus). Les frais de scolarité sont vitaux pour la survie des établissements et du réseau qui continue à fonctionner. Une remise en cause du paiement des frais de scolarité est impossible. Cependant, un échelonnement de paiement pour le 3ème trimestre est envisagé ainsi que des bourses scolaires pour aider les enfants français.
Le calendrier des bourses scolaires est modifié (CLB) mais une réunion de la CNB au-delà de la mi-juillet n’est pas envisageable afin d’organiser la rentrée.
L’organisation des réunions des conseils consulaires des bourses se décidera au cas par cas, en fonction des contraintes locales. Des procédures allégées pourront être mises en place.
La tenue des examens (Brevet et baccalauréat) dépend du Ministère de l’Éducation nationale. M. Blanquer est informé que les examens débutent en théorie à la mi-mai en Amérique du Nord.
Concernant les Alliances françaises, sur les 800 Alliances du réseau, 500 sont actuellement fermées et certaines ne rouvriront certainement pas. Celles qui se sont organisées pour l’enseignement à distance continuent. Les enseignants de français, vacataires, sont touchés de plein fouet.
L’extension de la pandémie, en particulier aux États-Unis, risque d’avoir un impact fort sur les Alliances françaises. 40 des 108 Alliances françaises risquent de ne plus jamais rouvrir si leur fermeture doit durer plus de 3 mois.
On nous signale que des groupes FLAM continuent de fonctionner de façon satisfaisante en mode dématérialisé.
Concernant les élections, M. Lemoyne a indiqué que l’on y verra plus clair à la mi-mai, mais qu’il est probable que la situation ne sera pas simple.
Si les municipales et les sénatoriales sont reportées en France, il sera évident que l’on reportera les élections (consulaires et sénatoriales) pour les Français de l’étranger.
Par contre, il a indiqué que si l’on maintient les municipales et les sénatoriales en France mais qu’il s’avère impossible de tenir les élections à l’étranger, à ce moment-là « il y aura un sujet à discuter. »
Le 28 mars 2020
Claudine Lepage – Michèle Bloch – Charles Romero