Après 4 années d’expérimentations, la dématérialisation des copies du baccalauréat est devenue complète pour cette session 2016. Cette année ce sont donc 110 centres d’examens qui ont mis en place ce dispositif et 136 000 copies qui ont été corrigées numériquement. Mehdi ben Lahcen, professeur de Sciences économiques et sociales nous raconte sa première expérience.
« J’avoue qu’au moment de me connecter pour la première fois à la plateforme, j’éprouvais un mélange de curiosité et de crainte.
A l’usage, la dématérialisation comporte des avantages certains, mais également quelques défauts.
Habitué à récupérer mes copies deux jours après l’épreuve, j’ai apprécié de pouvoir en disposer dans l’après-midi suivant cette dernière et ainsi gagner un temps précieux de correction. Par ailleurs, il est plus rassurant pour les correcteurs de ne pas avoir à transporter les copies de pays en pays, avec les risques que cela comporte. Eviter certains déplacements pour récupérer ces copies ou participer à des réunions d’entente et d’harmonisation présente des avantages financiers mais aussi familiaux.
S’agissant de la correction, le fait d’être en relation permanente via chat ou forum avec les autres correcteurs est un plus. Cela rend l’exercice de correction moins solitaire, en permettant d’échanger entre collègues sur tel ou tel problème rencontré au cours de la correction. Auparavant pour s’approcher de cette pratique, il fallait que l’ensemble des correcteurs corrigent dans le centre d’examen. Cela conduisait à exploser les coûts et obligeait parfois les correcteurs à rester une semaine dans le centre en question.
Le logiciel permet également d’avoir accès aux statistiques de correction de l’ensemble des correcteurs, ce qui favorise l’harmonisation de la correction des copies, économisant ainsi à nouveau une réunion.
En revanche, faire l’impasse d’une vraie réunion d’entente me parait difficile. Il est très ardu de corriger à partir d’un rapport de commission d’entente à laquelle on n’a pas participé. Il est donc essentiel de maintenir la présence de l’ensemble des correcteurs à cette réunion d’entente. Que cette réunion se fasse, par souci d’économie, par web conférence doit pouvoir permettre aussi bien à 6 qu’à 20 correcteurs d’être présents. En revanche, cela suppose un effort d’investissement dans un logiciel de web conférence performant. Ces réunions sont pour le moment souvent inopérantes pour des raisons techniques. Il est louable de vouloir réaliser des économies, sur des frais d’examens à la charge des familles, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité du service.
De plus, dans certaines matières demandant une double correction (les sciences en 1ere ES par exemple) l’outil peut poser des problèmes car il faut permettre à deux correcteurs différents d’avoir accès aux mêmes copies. Enfin, corriger numériquement implique une perte de temps à la lecture et annotations par ordinateur. Il n’est donc pas certain que le gain de temps obtenu par l’envoi plus rapide des copies ne soit pas perdu dans une correction rendue plus lente par l’outil.
Face au gain financier que permet la dématérialisation, reste à savoir si les établissements du réseau joueront le jeu, et diminueront effectivement les frais d’inscription aux examens. »
Mehdi Ben Lahcen