Français du monde-adfe a toujours estimé que la dotation de l’État au réseau des établissements d’enseignement Français à l’étranger était faible au regard des missions ambitieuses qu’il lui confiait.
Ce réseau, élément fondamental de la diplomatie culturelle et économique, vecteur des valeurs de notre enseignement est en effet financé à plus de 75% par les familles, or le projet de loi de finance actuellement discuté à l’Assemblée Nationale prévoit, dans le cadre de la réduction des dépenses publiques, une baisse de près de 4% de cette dotation qui passerait de 403 M€ en 2015 à 387 M€ en 2016.
Cette baisse nous semble d’autant plus inacceptable que les effectifs progressent de 2% chaque année (+6 400 élèves à la rentrée 2015), que l’AEFE a assumé depuis plusieurs années des charges supplémentaires (immobilier, pensions civiles des personnels), qu’elle doit supporter des charges incompressibles puisque plus de 80% de son budget sont consacrés aux charges de personnel qui augmentent mécaniquement de 10M€ cette année.
Nos parlementaires sont mobilisés, et le ministre Matthias Fekl leur a répondu que « la baisse de la subvention à l’AEFE a été analysée, budgétée et prévue de sorte qu’elle n’ait pas d’effet sur les frais de scolarité ».
Il est en effet prévu qu’une vingtaine d’établissements en gestion directe disposant d’un fonds de réserve élevé, constitué depuis plusieurs années par l’AEFE qui a minoré leurs remontées financières, seront appelés à contribuer au budget global de l’agence au titre de la solidarité. Les investissements déjà programmés et les réserves issues des contributions des familles ne seront donc pas concernés par ces prélèvements qui seront examinés au cas par cas.
Si le budget est finalement voté en l’état, il nous faudra être vigilant au CA de l’AEFE, dans les conseils d’administration et les conseils d’établissements, et nous assurer que les familles ne feront pas les frais de cette diminution des moyens de l’AEFE. Et ce, d’autant plus qu’une augmentation des frais de scolarité impacterait le budget des bourses, lui aussi en baisse de 8%, passant à 115,5 M€ contre 125,5M€ en 2015.
Le MAEDI souligne que le montant provisionné pour 2016 est « supérieur aux besoins constatés au cours des deux dernières années ». Le fait que le budget soit attribué en année civile et l’attribution des bourses en année scolaire rend les analyses difficiles, cependant nous sommes convaincus que les besoins ne sont pas totalement couverts. En témoigne la baisse du nombre de premières demandes de bourses (- 477 familles), signe de l’inquiétude des familles françaises qui hésitent à faire le choix de l’enseignement français faute de savoir si elles pourront en assumer la charge jusqu’au bout ; en témoigne aussi le nombre d’impayés auxquels les gestionnaires ont à faire face de la part de familles boursières pour lesquelles le reste à payer est encore trop important.
L’engagement selon lequel aucun enfant Français ne doit être écarté du réseau pour des raisons financières n’est pas tenu ; sont en cause, la gestion frileuse des bourses qui pousse à l’autocensure des postes et des familles et la sous-consommation de l’enveloppe des bourses votée par le parlement.
Les rapporteurs du budget 2016 de l’Action extérieure de l’État, les sénateurs Richard Yung et Eric Doligé proposent une augmentation de 5 M€ du budget des bourses, et regrettent que la priorité donnée à l’éducation nationale par le Président de la République et le Gouvernement ne s’applique toujours pas à l’enseignement français à l’étranger. Français du Monde-adfe partage cette position.