Français du monde–adfe, association qui regroupe les Français de l’étranger attachés aux valeurs de la gauche, salue la mémoire de Pierre Mauroy.
Pour nous, il restera l’exemple d’un militantisme incarné dans l’action concrète au service des citoyens. Créateur de la fédération Léo Lagrange, il a su faire la synthèse dynamique entre l’engagement associatif en faveur de l’Education populaire et l’engagement au sein d’un parti politique. De ce point de vue, il reste un modèle pour nos militants
Nous n’oublions pas non plus que c’est son gouvernement qui a porté la loi grâce à laquelle le Conseil Supérieur des Français de l’Etranger (CSFE) devenu l’Assemblée des Français de l’Etranger, a enfin été élu au suffrage universel et non plus composé de délégués désignés par les ambassadeurs. La mise en œuvre de ce progrès démocratique a été confiée à notre association par les partis politiques de gauche, soucieux de préserver l’unité des Français qui partageaient les mêmes aspirations à la justice et au progrès partout dans le monde. Grâce à Pierre Mauroy, de nombreux militants associatifs, syndicaux, des personnes issues de la diversité sociale et culturelle de l’expatriation, et non plus seulement de grands notables, ont fait émerger dans le débat public les questions de nationalité, de droits civiques, de scolarisation, de protection sociale, de sécurité, qui sont le souci quotidien de l’expatrié.
Pour nous, Pierre Mauroy restera aussi le modèle d’un socialisme ancré dans la défense du peuple des humbles : pour lui, le mot « ouvrier » n’était pas un gros mot. C’était un socialiste qui ne se payait pas de grands concepts et qui savait que le réel résiste aux plus belles envolées lyriques. Le tournant de 1983-1984 a été une épreuve pour lui : il faut l’avoir entendu évoquer, avec quelques sénateurs dépourvus d’expérience gouvernementale, ses insomnies de l’époque, pour comprendre à quel point c’était un homme de coeur et de responsabilité qui assumait la charge gouvernementale en ces années-là.
Enfin, son engagement politique international reposait sur la conviction que la construction européenne était le socle de tout progès pour notre pays et le continent. Français de l’étranger qui résidons pour la moitié d’entre nous en Union européenne et qui avons bénéficié des conquêtes lentes et difficiles, pierre par pierre, de la citoyenneté européenne, tant dans le domaine des droits civiques que dans l’accès au travail, le bénéfice d’une protection sociale adaptée, nous savons ce que nous lui devons, à lui et aux militants pour l’Europe de sa génération.
Nous ne laisserons pas péricliter cet héritage.
Monique Cerisier ben Guiga