Depuis le début de la campagne présidentielle, les principaux candidats montrent un vif intérêt pour une partie de l’électorat : les classes moyennes. Cet intérêt soudain s’explique par le fait qu’une majorité de Français déclare y appartenir. En réalité un Français sur trois en ferait partie. Pour les candidats, conquérir le vote des classes moyennes revient donc à augmenter sensiblement ses chances de victoire. Mais qui sont concrètement, ces classes moyennes, tant désirées par nos hommes politiques ? Explications…
Historique
Jusqu’à la fin du XIXème siècle les classes moyennes étaient formées par les membres de professions intermédiaires et notamment par des membres de professions dites indépendantes (commerçants, artisans, petits patrons). Situées économiquement très au dessus de la classe ouvrière, elles étaient cependant loin d’une petite élite économique. Au début du XXème siècle, apparaît une classe moyenne salariée, travaillant pour la bureaucratie privée ou public. Dans la seconde partie du XXème siècle cette catégorie va connaître une forte expansion démographique, tout en restant minoritaire face aux ouvriers et employés. Socialement, en revanche, les classes moyennes deviennent le moteur de la société française : leur consommation, leurs loisirs, leur habitat et leurs valeurs deviennent le modèle d’une partie de la population.
Situation actuelle
Aujourd’hui, les classes moyennes rassembleraient environ 8 millions d’actifs (professions intermédiaires + indépendants) soit 30 % de la population active. Pour appartenir aux classes moyennes il faut occuper des tranches de revenus assez larges, situées entre les 50 % des Français les plus modestes et les 20 % les plus aisés. Si démographiquement elles sont encore très importantes, leur influence serait en baisse, dû notamment à la montée en puissance des cadres.
Depuis le début de la crise économique, les classes moyennes ne cachent plus une certaine crainte. Crainte du chômage, de la hausse des prix de l’immobilier, d’un déclassement économique. Enfin, crainte de voir leurs enfants descendre dans la hiérarchie sociale. Si ces angoisses sont compréhensibles, elles ne sont pas toutes justifiées car les classes moyennes ont dans l’ensemble plutôt bien résisté à la crise et ont été moins touchées par le chômage. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette bonne tenue : forte présence de salariés du public (environ 40 %), faible proportion de salariés dans les milieux touchés par la crise (industrie), niveau de qualification plus élevé que les catégories populaires. Si les classes moyennes ont pu échapper au chômage de masse, elles n’ont pas pu éviter la stagnation des revenus ce qui fait que l’écart avec les employés et les ouvriers a tendance à se réduire et inversement celui avec les plus riches à augmenter.
Les enjeux
S’il y a un sujet qui crispe les classes moyennes c’est bien celui de la fiscalité : 34 % des membres de professions intermédiaires jugent prioritaire la question des impôts et des taxes. Pourtant, les classes moyennes ne sont pas touchées démesurément par les propositions des candidats et seule la TVA « sociale » aura des répercussions sur leurs revenus. Mais la peur du déclassement reste vivace et les classes moyennes développent de plus en plus un phénomène de rejet vis-à-vis du politique. Pour les rassurer, la remise en cause de la règle du remplacement d’un fonctionnaire sur deux, la ré-industrialisation de l’économie et enfin la réduction des écarts de salaires avec les plus riches seraient de bonnes mesures qui rendraient confiance aux classes moyennes et contribueraient à créer un climat moins anxiogène.
Cet article est un condensé du dossier paru dans Alternatives Economiques, numéro 311, mars 2012.
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