Le paysage des frontières européennes s’apprête à changer de façon significative. L’Union européenne a confirmé l’entrée en vigueur progressive de son nouveau système biométrique de contrôle aux frontières, connu sous le nom de « Entry/Exit System » (EES), à partir du mois d’octobre 2025. Cette évolution touche tous les ressortissants de pays tiers – c’est-à-dire non membres de l’UE – voyageant dans l’espace Schengen, y compris les Franco-étrangers n’ayant pas la nationalité européenne ou voyageant avec des proches concernés.
Une révolution numérique des contrôles aux frontières
Le système EES remplacera le traditionnel tamponnage des passeports. À la place, les entrées et sorties seront enregistrées numériquement, avec prise d’empreintes digitales et reconnaissance faciale lors du premier passage à une frontière extérieure de l’espace Schengen. L’objectif est double : renforcer la sécurité tout en fluidifiant les passages frontaliers à long terme.
Les données biométriques seront centralisées par l’agence eu-LISA, spécialisée dans la gestion des systèmes informatiques à grande échelle dans le domaine de la justice et des affaires intérieures de l’UE.
Qui est concerné ?
Ce nouveau dispositif concerne tous les ressortissants de pays non membres de l’UE, y compris ceux exemptés de visa, comme les citoyens du Royaume-Uni, des États-Unis, du Canada ou de l’Australie.
Les Français binationaux voyageant avec leur passeport non-européen, ainsi que leurs conjoints ou enfants non-européens, sont directement concernés. Les ressortissants européens, résidents de longue durée ou détenteurs de titres de séjour dans l’UE ne sont pas soumis à ce système.
Une mise en place progressive
Afin d’éviter les engorgements, la mise en œuvre du système se fera par étapes :
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10 % des points de passage équipés dans les 30 premiers jours,
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35 % d’ici trois mois,
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une couverture totale prévue en cinq à six mois.
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Chaque pays pourra adapter ce calendrier selon ses capacités techniques, avec la possibilité de suspendre temporairement le système à certaines frontières en cas de dysfonctionnement ou d’affluence excessive.
L’application « Travel to Europe » : pour gagner du temps
Pour faciliter le processus, l’application « Travel to Europe », développée par les entreprises iProov et Inverid, permettra une préinscription biométrique volontaire. Cette option, testée d’abord à l’aéroport d’Arlanda (Suède), pourrait être étendue à d’autres grands hubs européens comme Paris-Charles de Gaulle, Francfort ou Madrid-Barajas.
Bien qu’elle ne soit pas obligatoire, cette application pourrait s’avérer très utile pour éviter les files d’attente, notamment lors de la période de rodage du système.
À quoi faut-il s’attendre en octobre 2025 ?
Les voyageurs doivent s’attendre à :
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Des délais allongés aux frontières pour les premières inscriptions biométriques ;
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Un refus d’entrée possible pour ceux qui refuseraient de se soumettre au relevé biométrique ;
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Une détection automatique des dépassements de séjour via le système.
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Les Français établis hors de l’Union européenne voyageant fréquemment en Europe sont donc invités à anticiper leurs déplacements à partir de l’automne 2025, notamment s’ils voyagent avec des proches non européens.
Et l’ETIAS dans tout ça ?
L’EES prépare le terrain à un autre système attendu pour début 2026 : l’ETIAS (Système européen d’information et d’autorisation de voyage). Celui-ci exigera une autorisation de voyage électronique préalable pour les voyageurs de pays exemptés de visa. À la différence de l’EES, l’ETIAS ne collectera pas de données biométriques, mais vérifiera en ligne les antécédents des voyageurs (emploi, déplacements, etc.).
Et la protection des données personnelles ?
L’Union européenne assure que l’EES est pleinement conforme au Règlement général sur la protection des données (RGPD). Les informations collectées seront stockées de manière sécurisée, avec accès limité et transparence sur les droits des personnes concernées.