Accueil 5 En débat 5 La coopération internationale au cœur de Paris 2024
L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris représente un défi monumental, non seulement pour les organisations, mais également pour la France sur la scène internationale. Dans cet entretien avec Vincent Pasquini, nous explorons les coulisses de cet événement à travers les yeux du responsable de la coopération internationale au Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Entretien réalisé par Vanessa Gondouin-Haustein (Pays-Bas)

Vanessa Gondouin-Haustein : Pourriez-vous nous expliquer votre mission au sein de Paris 2024 ?

Vincent Pasquini : Je suis chargé de la coopération internationale pour Paris 2024. Mon parcours est plutôt orienté vers les relations internationales. J’ai travaillé longtemps pour le ministère des Affaires étrangères et pour des organisations internationales. Je suis arrivé à Paris 2024 en mars 2020, avec peu de connaissances du monde sportif, ce qui témoigne de la volonté d’ouverture de notre projet. Ma mission consiste à porter le projet Paris 2024 à l’international, en collaboration avec divers acteurs.

 

VGH : En quoi consiste exactement cette coopération internationale pour Paris 2024 ?

VP : La coopération internationale est cruciale pour nous, car nous n’avons ni présence à l’étranger ni un énorme budget pour des actions internationales. Notre travail repose donc sur la force de notre projet et la collaboration avec d’autres acteurs internationaux. Cela signifie que nous catalysons leur travail autour du sport grâce à l’impact des Jeux. Nos collaborations se déclinent en termes d’engagement, d’héritage et de célébration. Par exemple, nous travaillons avec le corps diplomatique français et des ambassades à l’étranger pour promouvoir notre projet à travers diverses initiatives.

 

VGH : Pourriez-vous nous donner des exemples concrets de cette coopération ?

VP : Un excellent exemple est le Programme Terre des Jeux 2024 qui permet aux collectivités françaises et aux ambassades à l’étranger de s’engager dans ce projet. À ce jour, 150 ambassades ont pris part à ce projet, en participant à des activités et en nommant des volontaires pour Paris 2024. Nous avons également organisé des événements mondiaux comme le “Relais autour du monde”, où 140 ambassades ont participé à une journée de sport synchronisé. Cela montre comment nous avons engagé le réseau diplomatique pour célébrer et promouvoir les Jeux.

 

VGH : Qu’en est-il de l’héritage des Jeux à l’international ?

VP : L’héritage est un axe majeur de notre projet, tant au niveau national qu’international. En France, cela inclut des initiatives comme les 30 minutes d’activité physique à l’école et des programmes pour l’égalité hommes-femmes et l’accès au sport pour toutes et tous. À l’international, nous travaillons avec l’Agence Française de Développement (AFD) pour financer des projets similaires en Afrique. Par exemple, nous avons cofinancé plus de 40 projets à hauteur de plusieurs millions d’euros, étendant ainsi l’impact positif des Jeux, bien au-delà de nos frontières.

 

VGH : Comment Paris 2024 se distingue-t-il des autres Comités d’Organisation des Jeux Olympiques en termes de coopération internationale ?

VP : Chaque Comité a ses spécificités, mais nous avons des initiatives uniques. Par exemple, notre partenariat avec l’AFD est une première. Nous avons également signé une convention avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) pour engager l’espace francophone dans les Jeux. Cela inclut l’intégration de jeunes volontaires francophones issus des Jeux de la Francophonie 2023 pour Paris 2024. Ces collaborations montrent notre volonté de maximiser l’impact des Jeux sur la scène internationale.

 

VGH : Quel est l’objectif principal de Paris 2024 en termes de rayonnement international ?

VP : Les Jeux Olympiques et Paralympiques sont le plus grand événement au monde. Pour la France, l’enjeu est de projeter une image d’excellence et de spectaculaire, en accueillant le monde entier. Cela a tout d’abord des retombées immédiates en termes de tourisme et d’image. Mais cela a également des retombées à long terme pour l’attractivité et la réputation du pays. Organiser des épreuves emblématiques au cœur de Paris, comme le beach-volley sous la Tour Eiffel, vise à renforcer cette idée de rayonnement et de projection.

 

VGH : Paris 2024 a également une dimension géopolitique. Comment abordez-vous ces questions délicates. Je pense notamment à la participation des équipes russes et biélorusses ou à l’absence de leur hymne national ?

VP : La situation de la Russie et de la Biélorussie est complexe et évolutive, gérée principalement par le CIO. Autrement dit, les athlètes de ces pays participent sous une bannière neutre. La décision est prise sur des critères précis. Notre intention reste de promouvoir la paix et de préserver l’esprit des Jeux, même dans un contexte géopolitique difficile. Les Jeux ont toujours été un espace de rencontre au-delà des conflits et nous souhaitons maintenir cet aspect.

 

VGH : Selon vous, quelle est l’importance des Jeux Olympiques par rapport à la géopolitique ?

VP : Les Jeux sont intrinsèquement liés à la géopolitique, depuis leur création dans la Grèce antique. Ils étaient alors un moyen de remplacer les conflits armés par la compétition sportive. La trêve olympique, rétablie dans les années 90, en est un héritage. Historiquement, les Jeux ont toujours navigué entre les tensions internationales, mais ils restent un espace unique de rencontre et de paix. Notre défi est de maintenir cet équilibre, tout en adaptant les Jeux aux réalités contemporaines.

La mission de la Coopération internationale de Paris 2024 est de transformer les Jeux en un catalyseur de collaborations mondiales, d’engagement communautaire et d’héritage durable. Grâce à des partenariats stratégiques et une vision inclusive, Paris 2024 espère marquer l’histoire non seulement comme un événement sportif incontournable, mais également comme une initiative globale de développement et de coopération. Ce projet, par son envergure et ses ambitions, transcende les frontières et laisse entrevoir un avenir où le sport devient un vecteur de rapprochement et de progrès social à l’échelle mondiale.
Catherine Smadja-Froguel
Vanessa GONDOUIN-HAUSTEIN
Section Pays-Bas

Cet article est extrait du 212e numéro de Français du Monde : « Sport & Diplomatie », disponible gratuitement dans la rubrique « Magazine » du site Internet.

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