Le sentiment d’appartenance à une communauté, à une nation et à sa culture se concrétise aussi dans l’entraide que cette nation apporte à ses concitoyens quel que soit leur pays de résidence.
Un levier essentiel de la cohésion sociale
Le système des bourses scolaires destiné aux élèves français est en ce sens le garant d’une cohésion sociale des communautés françaises à l’étranger et un facteur de réussite pour les enfants dont les familles en difficulté ne pourraient pas les scolariser dans le réseau français sans ce soutien. Les réalités matérielles ou familiales qui se cachent derrière les demandes de bourses scolaires sont très diverses et montrent à quel point la situation économique des familles françaises à l’étranger peut être délicate et nécessite que soit apportée à leurs enfants l’aide temporaire dont ils ont besoin pour réussir leur scolarité.
Le dispositif des bourses se matérialise par une participation partielle ou totale aux paiements des frais de scolarité, attribuée sous conditions de ressources, qui permet aux élèves français à l’étranger de poursuivre leur cursus dans un établissement d’enseignement français homologué AEFE.
À ce jour, le dispositif bénéficie à 23 143 élèves scolarisés dans les 552 établissements d’enseignement français à l’étranger pour un budget global d’environ 105 millions d’euros. Quelques bourses sont également attribuées à titre dérogatoire afin de financer des cours au CNED : pour des élèves qui sont scolarisés dans un établissement qui n’offre pas un niveau suffisant d’études en présentiel ou pour des élèves isolés qui ne peuvent être scolarisés pour des raisons d’éloignement géographique. Pour l’année 2022/2023 cela concerne 29 élèves.
Transparence, implication et dévouement des acteurs locaux
Les demandes de bourses sont soumises aux conseils consulaires des bourses (CCB), convoqués 2 fois par an par les consulats de France. Les CCB sont constitués des associations reconnues d’utilité publique, comme Français du monde – ADFE et l’Union des Français de l’Étranger (UFE), des Conseillers des Français de l’Étranger, des représentants des parents d’élèves, des enseignants, des directeurs d’écoles et des membres des services administratifs des consulats. Leurs propositions d’attribution de bourses sont ensuite transmises à l’AEFE qui après consultation des Commissions Nationales des Bourses (CNB) à Paris, présidées par le directeur de l’AEFE, 2 fois par an également, rendent les décisions finales.
Les dossiers de demande de bourses imposent une véritable mise à nu des familles qui doivent répondre en totale transparence à un ensemble de critères en vue d’une attribution dont le montant dépendra de leurs revenus. La véracité des informations transmises fait l’objet de vérifications minutieuses effectuées par les membres des CCB et des représentants de l’État et peut aller jusqu’à des visites à domicile.
Les bénévoles des associations, les Conseillers des Français de l’Étranger et les représentants des postes consulaires consacrent beaucoup de temps et d’énergie à accompagner les familles dans ces démarches laborieuses. Leur dévouement et leur rôle sont d’autant plus importants qu’ils connaissent personnellement la plupart des familles dans le besoin et apportent dans le cadre des conseils consulaires, des informations complémentaires qui peuvent échapper au traitement purement administratif des dossiers.
Cette complémentarité des rôles est essentielle car elle est la garante d’un meilleur équilibre des décisions prises. Les conseils sont en effet investis de la lourde charge de donner un avis favorable ou défavorable aux demandes de bourses scolaires. Les CCB réalisent un travail minutieux, sérieux et indispensable pour de nombreuses familles qui dépendent directement des bourses scolaires pour permettre à leurs enfants français de poursuivre leur scolarité dans les écoles AEFE.
Un Investissement pour l’avenir de la jeunesse française
Si les bourses scolaires représentent une avancée sociale indéniable qu’il convient de maintenir au profit des enfants français, le dispositif doit cependant évoluer afin de s’adapter aux nouvelles réalités et aux besoins financiers, ce qui nécessitera une augmentation de l’enveloppe globale mais permettra de lutter contre la désaffection des enfants de familles modestes.
L’adaptation aux nouvelles réalités numériques passe par exemple par la prise en charge pour les boursiers des fournitures informatiques nécessaires à la poursuite de leurs études dans de bonnes conditions. De fait, de nombreux établissements imposent aux élèves l’usage d’un ordinateur pour leurs recherches et devoirs alors que ce coût n’est pas pris en compte dans les bourses scolaires.
Il est enfin indispensable de tenir compte des contraintes financières et des contextes inflationnistes pesant sur les établissements scolaires et le pouvoir d’achat des familles afin de maintenir une enveloppe globale correspondant aux besoins financiers. En effet, ce soutien aux élèves boursiers ne peut être considéré comme une simple dépense comptable mais bien comme un investissement dans l’éducation et l’avenir des enfants français au profit de notre pays.
Cet article est extrait du 208e numéro de Français du Monde : « Enseignement Français à l’Étranger : Défis et perspectives du Réseau », disponible gratuitement dans la rubrique « Magazine » du site Internet.