Lancé dès 2007 aux États-Unis, le mouvement #MeToo (ou Me Too) a réellement pris son envol à partir d’octobre 2017 à la suite de l’affaire Weinstein. Ce mouvement social encourage la prise de parole des femmes, pour faire savoir que viols, harcèlement et agressions sexuelles sont beaucoup plus répandus que ce qui est souvent supposé, et pour permettre aux victimes de s’exprimer. Le mouvement est d’envergure mondiale mais connaît certaines variantes locales au niveau de l’expression, tels que le #BalanceTonPorc français.
Dans le sillage du mouvement #Metoo, les témoignages de femmes victimes de violences sexistes et sexuelles déferlent massivement et tous les milieux sont touchés. Tous ? Ou presque… le monde politique a en effet tardé à réagir au phénomène. Pourtant, avant même Metoo, plusieurs affaires étaient venues poser la question des violences sexistes et sexuelles en politique, comme l’affaire DSK ou l’affaire Baupin. Créé en 2016 par un collectif de collaboratrices parlementaires, le site Chair collaboratrice révélait déjà un sexisme décomplexé, sans pour autant parvenir à se faire entendre au sein d’un univers encore extrêmement masculin.
Le 15 novembre 2021, 285 femmes travaillant dans les milieux politique et universitaire prennent la plume pour signer une tribune dans le journal Le Monde exhortant les partis politiques à agir en écartant les auteurs de violences sexuelles et sexistes de la vie politique : « Une fois de plus et à la veille d’élections cruciales pour notre pays, nous exhortons les appareils politiques à écouter les victimes et à faire œuvre de prévention. (…) Le monde politique doit assumer ses responsabilités, écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes de ses rangs et faire preuve d’exemplarité dans les désignations. »
Dans la foulée, les premières signataires de la tribune, Alice Coffin, Madeline da Silva, Hélène Goutany, Fiona Texeire et Mathilde Viot, mettent en place L’observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique afin d’assurer une visibilité de long terme à ce travail d’interpellation des partis politiques. Les initiatrices se proposaient notamment de fournir des données sur la réalité de ces violences, de continuer à faire la démonstration des lacunes ou des négligences que ce sujet suscite souvent, ainsi que de fédérer le plus de personnes possibles autour de cette question.
Également très présent sur les réseaux sociaux, l’Observatoire, par le biais de ses infatigables instigatrices, a profité des campagnes électorales successives de 2022 pour occuper le terrain médiatique et faire entendre ses constats et revendications.
Parmi les moyens d’expression mis en œuvre, le podcast en huit épisodes « Y a pas mort d’homme » , qui alterne les récits de témoins, de victimes mais aussi d’expert.e.s, permet de découvrir les multiples facettes du sexisme en vigueur dans le monde politique. Remarques sexistes, commentaires déplacés, agressions sexuelles, les rapports de force entre hommes et femmes œuvrant dans la sphère politique sont passés à la loupe.
Le combat est certes loin d’être gagné, mais l’Observatoire est un premier pas dans la bonne direction. C’est un instrument efficace pour sensibiliser l’opinion publique et les appareils et institutions politiques et in fine promouvoir la place des femmes dans la vie publique. A nous de contribuer à son développement, notamment en en faisant la promotion.
Et d’ailleurs, en cette journée du 25 novembre, l’Observatoire vous invite à son événement « Soirée… Ça va bien se passer » au cours de laquelle seront décernés un certain nombre de prix !
Anne Henry-Werner
Membre du Conseil d’administration de Français du monde – ADFE
crédit photo : Marie Preaud
Voir aussi :
La grande vulnérabilité des Françaises expatriées – Français du monde-adfe (francais-du-monde.org)