Accueil 5 En débat 5 Mag Jeunes LGBT+ | Une structure gérée par et pour des jeunes

Le centre de la rue Quincampoix à Paris accueille désormais dignement les jeunes LGBT+ (Lesbiennes, Gays, Bi et Trans) afin de leur offrir un accompagnement sur de nombreuses questions tout en leur proposant un lieu convivial, pensé pour l’échange et doté d’une offre culturelle. Précédemment c’était rue de Montreuil que l’association MAG jeunes LGBT + militait depuis 1985 en faveur de l’inclusion des jeunes LGBT+ et contre les LGBTphobies et le sexisme. À l’occasion du mois des fiertés, Omar Didi, président cette association partenaire de Français du monde-adfe, répond à nos questions.

Comment l’association a-t-elle été imaginée ?

Il y a 36 ans, au Royaume-Uni, des adolescents français ont découvert que des groupes de jeunes gays se retrouvaient dans des lieux gérés par et pour d’autres jeunes comme eux. En les observant, ils ont eu l’idée de fonder à Paris une association sur le même modèle. D’abord nommée Mouvement d’adolescence Gais (MAG) – le terme « Gais » (et non Gay) est resté pour retranscrire l‘histoire de l’association qui a déposé ses statuts avec ce terme – elle devient le Mouvement d’Affirmation des jeunes gais en 1990. Ce changement témoigne à la fois d’un élargissement de la tranche d’âge au sein de l’association, mais aussi, en parallèle, de l’évolution du milieu associatif LGBT, puisqu’elle s’est naturellement ouverte, en plus des personnes gays et lesbiennes, aux personnes bi, trans, etc. Elle devient alors en 2008 le MAG Jeunes Gais, Lesbiennes, Bi et Trans (MAG Jeunes LGBT). Nous avons apposé dernièrement le « + » (MAG jeunes LGBT+) afin d’apporter un caractère non-limitatif dans l’inclusion des orientations sexuelles et des identités de genre. L’association est d’ailleurs ouverte aux jeunes alliés, c’est-à-dire, à toute personne concernée par ces combats sans nécessairement être LGBT.

Qu’est-ce qui a évolué depuis sa création ?

C’était déjà difficile dans son contexte de création, car les droits LGBT n’étaient pas respectés, même la dépénalisation de l’homosexualité était déjà intervenue (NDLR : loi du 4 août 1982). Aujourd’hui, on note une évolution, mais les données restent dramatiques. Nos archives témoignent d’une mobilisation des jeunes LGBT qui, des années 1980 à aujourd’hui, ont ciblé des problèmes particuliers aux jeunes comme le harcèlement scolaire. Aujourd’hui, en France, 1 jeune sur 10 en est victime. Ces données sont dramatiques et le sont significativement plus lorsque l’on est jeune LGBT. D’après des données que nous avons récoltées avec l’UNESCO, pour les jeunes LGBT, c’est 1 jeune sur 2 qui en est victime. D’autres statistiques montrent que 9 jeunes LGBT sur 10 ne se sentent pas inclus dans les prises de décisions politiques. La lecture d’autres chiffres alerte : le risque de suicide des jeunes LGBT notamment, ou le taux de contamination au VIH des jeunes gays. Il y a donc besoin d’une politique publique efficace à destination des catégories de population concernées. Cela explique pourquoi l’association existe toujours.


Rapport synthétique de la consultation mondiale sur l’éducation inclusive et l’accès à la santé des jeunes LGBTI+

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Quel est votre mode d’action ?

En tant que structure gérée par et pour des jeunes, l’essentiel est d’apporter une solution de terrain, mais aussi des plaidoyers auprès des pouvoirs publics et/ou des parlementaires.

Sur le territoire, l’accompagnement se fait grâce aux antennes que nous avons en France. Des permanences permettent à des jeunes de 15 à 30 ans d’être accueillis par d’autres (LGBT ou alliés), formés à l’écoute et à l’identification de leur problématique pour les orienter au mieux dans l’association ou vers des dispositifs d’autres structures ou de droit commun.

Le MAG jeunes LGBT+ souhaite favoriser l’échange d’expériences entre jeunes. Cela passe par des activités sportives et culturelles. Nous avons par ailleurs proposé des voyages de mobilité européenne dans le but de développer et lancer des initiatives d’engagement entre jeunes européens, LGBT ou non.

Nous croyons que le changement passe par l’éducation. La société civile a un rôle à jouer pour créer des sociétés plus inclusives notamment à travers les cours d’éducation civique. Nous allons être un complément à l’Éducation nationale en intervenant en milieu scolaire. Notre objectif pour 2022/2023 est de sensibiliser 300 000 élèves dans l’Hexagone aux LGBTphobies et au sexisme.

Dans le cadre de ce plaidoyer, nous alertons sur les chiffres, mais nous avons aussi à cœur de co-construire des politiques inclusives en lien avec les pouvoirs publics ou en interpellant les parlementaires. Lors du premier confinement, nous avons travaillé sur un plan d’urgence à destination des jeunes LGBT qui a ensuite été repris par la suite par le Secrétariat d’État auprès du Premier ministre chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Nous faisons également partie du comité LGBT du Défenseur des droits. À l’échelle mondiale, nous avons organisé “La conférence mondiale pour les droits et l’inclusion des jeunes LGBT”. La première session s’est tenue le 17 mai 2021 à Paris, avec la participation de hautes personnalités, entre autres Hélène Bidard, conseillère de Paris et adjointe à la Maire de Paris chargée de l’égalité femmes-hommes, de la jeunesse et de l’éducation populaire, Xavier Bettel, Premier ministre du Luxembourg et Justin Trudeau, Premier ministre du Canada .

En 1999, MAG jeunes LGBT+ a obtenu l’agrément « jeunesse et éducation populaire » délivré par le Ministère en charge de la Jeunesse, pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet et ce que cela a conféré à vos actions ?

L’association s’est battue pour obtenir cet agrément. Les premières demandes remontent à 1993. À cette époque, MAG jeunes recevait chaque année des refus systématiques de la part de la préfecture. Ce manque de reconnaissance de la part de l’État était interprété comme de l’homophobie, car rien ne permettait de justifier ces refus, l’association répondant à l’ensemble des critères pour l’obtention de cet agrément.

Nous avons eu la chance de rencontrer Marie-George Buffet, ministre de la Jeunesse dans le gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002). Grâce à son aide, nous avons reçu cet agrément qui a permis à l’association d’obtenir des subventions et ainsi développer ses actions. À Paris, le MAG jeunes LGBT+ a reçu différents soutiens, notamment celui de Bertrand Delanoë (maire de Paris de 2001 à 2014), à qui nous devons nos locaux actuels rue de Montreuil.

Quelles seraient, selon vous, les bonnes questions à se poser dans le cadre d’une mobilité pour les LGBT+ ?

Ce qu’a montré notre enquête avec l’UNESCO, c’est qu’une partie des jeunes LGBT ne voyaient pas leur avenir en France. Lors d’une expatriation, il y a des questions assez générales à se poser au niveau du droit. Le consulat et l’ambassade sont bien sûr, dans ce cadre, les interlocuteurs privilégiés. En tant que personne LGBT+, les critères se multiplient : la reconnaissance du conjoint, ceux liés à son identité de genre. Aussi, travailler dans une ambassade ou dans une entreprise privée n’implique pas la même chose selon le pays. La société civile, et notamment Français du monde-adfe, doit offrir les ressources nécessaires pour pouvoir s’informer sur ces questions. Peut-être y a-t-il un travail en commun à réaliser ?

Propos recueillis par Stéphane Arnoux


Source : Français du monde N°205

Voir aussi : Français du monde-adfeJournée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie | Plaidoyer pour une France qui agisse aux côtés des personnes LGBT+

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