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NEGAR-Soutien aux femmes d’Afghanistan est une association loi de 1901, créée en 1996 par Shoukria Haidar avec le soutien des associations féministes françaises, juste après la prise de Kaboul par les Talibans en 1996.

Shoukria Haidar en est la présidente : originaire de Kaboul, fonctionnaire du Comité Olympique afghan, elle quitte son pays au moment de l’invasion par l’Armée rouge et obtient l’asile politique en France en 1981. Revenue dans son pays natal en 1995, elle est choquée par la prise de Kaboul par les Talibans (1996) et décide d’agir pour défendre les droits des femmes afghanes. Chantal Véron et Anne-Marie Chastré cofondent NEGAR avec Shoukria en décembre 1996. L’association s’engage d’abord pour empêcher la reconnaissance des Talibans par la France et l’Europe, puis elle s’investit dans l’éducation des filles et des femmes durant la période talibane (1996-2001), soutenant financièrement des classes clandestines. Après la chute des talibans en 2001, avec le soutien des syndicats enseignants, des mouvements d’éducation populaire et des collectivités locales français, l’association s’engage dans la reconstruction d’écoles et de lycées, de gymnases pour favoriser l’accès au sport des filles et construit sur le site de l’université de Kaboul une crèche avec jardin d’enfants. Elle participe également à la formation des enseignant.es et accompagne les filles dans la poursuite de leurs études. Parallèlement, elle participe à la prise de conscience par les femmes de leurs droits fondamentaux. Le retour des Talibans en 2021 est une catastrophe et un retour en arrière terrible pour le pays, qui pousse l’association à imaginer de nouvelles actions. La ligne politique de Negar est la non-reconnaissance des Talibans et le soutien à la résistance, l’aide aux femmes et aux filles en Afghanistan,  et l’aide à l’accueil des afghan.es en France.

L’association s’implique également dans des activités de sensibilisation de l’opinion publique et de la presse internationales, à travers des conférences (grande conférence des droits des femmes  afghanes de Douchambé en 2000 pour la promotion de la Charte des droits des femmes afghanes, et à Kaboul en 2002 et 2004), manifestations, plaidoyers, interventions auprès des décideurs politiques.

Avec le retrait des forces américaines et le retour des Talibans, l’association s’est remobilisée. Nous avons rencontré la présidente lors d’une table ronde organisée à Paris en décembre dernier, durant laquelle elle a évoqué le contexte politique du pays et la situation des femmes afghanes. Voici ses réponses à nos questions :

Quelles sont les différences pour les femmes afghanes entre la prise de pouvoir des Talibans en 1996 et celle qui a eu lieu il y a quelques mois ?

La vraie différence réside dans le fait que les afghan.es ont considérablement progressé durant les vingt ans de paix, grâce à l’accès à l’éducation et à l’université, ils.elles utilisent les réseaux sociaux qui leur permettent de témoigner, c’est pourquoi nous pouvons être au quotidien en lien avec les Afghan.es. Les femmes afghanes savent quels sont les risques de la talibanisation de la société pour elles et pour leurs filles. Les Talibans prétendent avoir changé et le processus de la talibanisation n’est pas le même qu’en 1996, ils imposent progressivement par la brutalité et les violences les mêmes interdits : interdiction de travailler, d’étudier, de se déplacer seule, de jouer de la musique et de faire du sport. Chaque jour une nouvelle interdiction surgit, dans tel département, interdiction de se rendre au hammam, obligation porter le tchadri, … Ils ont recréé le funeste ministère de la promotion de la vertu et de la répression du vice, pour promulguer leurs décrets et utiliser les coups contre les femmes, et procéder à des arrestations en masse. Des militantes féministes disparaissent.

Quelles sont les actions que vous mettez en place face à cette situation ?

Notre action comporte deux volets : nous avons tout d’abord multiplié les interventions et déplacements à l’invitation de médias, de collectivités, d’associations, de partis politiques, afin de sensibiliser la population au drame de l’Afghanistan. Avec l’aide de la société civile, nous interpellons les gouvernements et les parlementaires afin d’empêcher la reconnaissance des Talibans. De très nombreux militants nous ont apporté leur soutien. Aujourd’hui, nous aidons de notre mieux sur le terrain les Afghan.es à s’organiser pour lutter contre la faim et pour permettre aux filles d’étudier. Il est difficile d’en dire plus.

Que peuvent faire les citoyens, et nos adhérents qui résident hors de France, s’ils souhaitent vous aider ?

Les adhérent.es de Français du monde-adfe sont des maillons précieux de notre combat. Dans les pays où ils se trouvent, ils.elles peuvent créer un mouvement de sympathie et de soutien au peuple afghan par des conférences-débat en visioconférence ou en présentiel, auxquelles nous participerons si vous le souhaitez, mobiliser les citoyen.nes autour d’eux, se faire le relais de nos revendications, et également nous informer des prises de position politiques des pays sur le sujet de l’Afghanistan. Par exemple, en Norvège aura lieu, à partir du 23 janvier, une conférence qui va donner la parole aux représentants du gouvernement taliban, nous nous insurgeons contre cette initiative dont nous craignons que ce soit une reconnaissance déguisée du pouvoir taliban (voir notre communiqué). Un relais de Français du monde-adfe dans ce pays nous aiderait beaucoup.

Propos recueillis auprès de Shoukria Haidar et Geneviève Couraud

Pour suivre l’actualité :

Source : Français du monde N° 205

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