« Il n’y a pas d’humain en bonne santé sur une planète malade. » Isabelle Autissier
Végétaliser les espaces urbains : embellir, améliorer la qualité de l’air, retenir les eaux pluviales, climatiser, créer du bien-être, du lien social, des emplois, contribuer à une meilleure qualité de vie…
Ah ! Flâner dans les ruelles ombragées, là où glycine, bougainvilliers forment des tonnelles ! Outre l’esthétique, les couleurs, l’entrée dans la toile d’un peintre, ce sont l’aspect paisible, convivial et la fraîcheur qui nous attirent ! Difficile ensuite de se replonger dans un centre urbain où les températures sont souvent de 2 à 6°C supérieures à l’extérieur… C’est ce qu’on appelle le phénomène de « l’îlot de chaleur » au-dessus des villes minéralisées.
L’interdiction en France, et dans d’autres pays, de l’accès aux parcs, forêts, espaces verts pendant le confinement de la Covid-19 a suscité bon nombre de questions et beaucoup de mal être. L’association « Respire », dans son plaidoyer pour la réouverture des parcs et jardins, estimait que « l’interdiction actuelle pose une question de santé mentale, mais aussi une question de santé respiratoire : la pollution de l’air intérieur étant problématique dans de nombreux cas, il est essentiel que les citoyens puissent prendre l’air ailleurs que sur les trottoirs pollués par le trafic routier… »
Dans le prolongement de la COP 24, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a présenté en juillet 2018 un avis intitulé « La nature en ville : comment accélérer la dynamique ? » dont voici quelques grandes lignes : la croissance du phénomène urbain est continue puisque plus d’un humain sur deux habite en ville (75% en Europe). Une des conséquences directes sur l’environnement est la destruction d’habitats naturels, la perte d’espèces, l’imperméabilisation des sols, les risques de crues et d’inondations, … La nature en ville (faune, flore, air, sol) est source de services de régulation, de support, de production et de services culturels par la réduction de la pollution atmosphérique, la séquestration de carbone, la réduction des eaux de ruissellement, la régulation de la température et les économies d’énergie.
Son apport en termes de santé mentale et physique des populations est de plus en plus attesté par la science. Mais les projets « nature en ville » nécessitent d’être accompagnés d’un volet relatif aux inégalités sociales. En effet, on constate que des quartiers « renaturés » peuvent être vidés de leur population modeste en raison de la hausse des prix des logements.
Le CESE rappelle l’importance et le lien direct entre notre existence, notre bien-être, notre activité économique et le bon état de cette biodiversité qui doit devenir déterminant dans les politiques publiques. Les initiatives de citoyens et d’associations, leur participation à différents projets (budgets participatifs, jardins collaboratifs…) démontrent que le débat sur la nature et la ville, loin de rester une question d’experts, est devenu un enjeu de société.
Une ville « productrice » – du potager collectif à la production agricole urbaine sur les toits et dans les rues – permet de reconnecter les habitants avec le vivant et les saisons. Les exemples se multiplient dans le monde entier : à Jakarta, un programme de plantation de
40 000 arbres fruitiers le long des rues ; à Londres, des vergers linéaires le long des pistes cyclables ; à Seattle, la création de la forêt nourricière (la Beacon Food Forest) ; à Paris, des vergers pédagogiques ; à Strasbourg, près de
5 000 jardins familiaux partagés et des potagers urbains collectifs. Ce genre d’initiatives ont un impact positif dans divers domaines : économique (circuits courts, gestion des déchets, culture vivrière d’appoint), social (réinsertion par le travail, jardins partagés et pédagogiques), environnemental (biodiversité, économie circulaire).
Partout où nous sommes, dans nos pays d’accueil, il est possible, voire indispensable, de nous joindre à des projets de végétalisation, de prendre part à la réintroduction de la nature au sein des villes, de mieux connaître, respecter et préserver la biodiversité. En tant que citoyens, nous sommes demandeurs de bien-être, de mieux vivre et voulons être acteurs des mutations indispensables en termes d’écologie, d’économie sociale et de solidarité. Envoyons de petites vidéos sur des actions menées dans nos pays respectifs par les citoyens, les associations, les institutions locales… et verdissons et végétalisons tous ensemble !
Chantal Picharles, membre du Bureau national