Bien avant l’épidémie de la COVID-19, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) avait décidé de dédier l’année 2020 au personnel infirmier (avec les sages-femmes), et il s’est avéré que le moment était plus que bien choisi !
Dans le contexte d’une crise sanitaire sans précédent, les infirmiers restent engagés envers les patients, en première ligne avec leurs collègues qui travaillent également dans le milieu hospitalier. Avec un virus méconnu, nous avons dû nous adapter de façon rapide et régulière aux directives recommandées par les instances de santé publique américaines. Dans une ville comme Miami, où nous sommes très en retard du point de vue du recyclage, il a fallu essayer de changer les mentalités. Éduquer, dans un temps limité, le personnel de santé sur la conservation des équipements de protection individuelle, pour éviter le gaspillage a été un gros défi. Par exemple, le service qui gère la transmission des infections dans le milieu hospitalier a dû mettre en place un procédé de stérilisation utilisant les rayons UV pour les masques de protection antiparticules.
Cette pandémie affecte tout le milieu hospitalier, que l’on soit en contact direct avec des patients atteints du virus ou en contact indirect avec des patients présumés négatifs. Malheureusement, la fiabilité du test virologique – qui consiste en un prélèvement dans la cavité naso-pharynx – n’est que d’environ 70% selon certaines publications (nb : le CDC (Centers for Disease Control) ne recommande pas d’utiliser le test sérologique pour diagnostiquer un patient avec une infection active). Ainsi, nous avons beaucoup d’exemples de patients qui ont eu plusieurs tests négatifs puis finalement un test positif. D’autres patients, traités et intubés avec plusieurs tests consécutifs négatifs qui, testés à nouveau, sont positifs. On doit donc rester vigilant et l’appréciation humaine joue un rôle essentiel.
En tant que personnel soignant, cette pandémie nous affecte plus profondément qu’une surcharge ponctuelle de travail, lors d’un ouragan par exemple. Nous vivons dans la peur constante d’être contaminés ainsi que la peur de transmettre ce virus à nos familles. Il change aussi les rapports humains et déshumanise les rapports avec les patients qui se limitent aux tâches essentielles pour éviter un contact trop long. Les patients eux-mêmes sont loin d’être dans des conditions optimales de guérison d’un point de vue physiologique et psychologique. Il n’est pas possible de rendre visite aux patients, ce qui les confine encore plus. Beaucoup, malheureusement, décèdent sans la possibilité d’avoir un dernier contact avec leurs proches.
Même si nous voyons finalement des chiffres en baisse et que nous nous dirigeons vers une routine beaucoup plus proche de celle que nous connaissions, ce fléau nous aura changés à tout jamais. Notre nouvelle vie risque d’être bien différente de notre quotidien d’il y a quelques mois. Qu’en sera-t-il alors, des rapports sociaux, du « hug » qui était une formalité de ce côté de l’Atlantique et la bise de l’autre ?
A Miami Dade, une partie des commerces va rouvrir le 18 mai, suite à la mise en place d’un système de traçage conduit par le Florida Department of Health. La question technologique, avec l’utilisation de nos données personnelles au nom de la santé publique, cache un débat plus profond et complexe du curseur à mettre entre liberté individuelle et vie en société.
Frédéric Berned, section Miami