Je suis originaire de la Guadeloupe, île lointaine des Caraïbes. J’ai grandi en Ile-de-France et fait mes études à Paris IV-Sorbonne. En septembre 1968, j’ai rencontré un Zaïrois qui deviendra mon époux en 1976, année de mon installation à Kinshasa. J’ai commencé à travailler à l’université de Kinshasa en qualité de Secrétaire de Cabinet du Recteur, poste que j’ai ensuite occupé au Ministère de l’Enseignement Supérieur et Recherche Scientifique, avant de regagner l’université de Kinshasa. En 1995, j’ai été engagée au Lycée Français de Kinshasa, recrutée locale comme gestionnaire.
C’est à cette époque que j’ai adhéré à l’ADFE. Mes trois enfants sont nés à Kinshasa et ont évolué soit au lycée français, soit dans des écoles congolaises (pour l’aînée). La vie à Kinshasa n’a pas été un long fleuve tranquille étant donné les difficultés politiques qui ont émaillé ces quarante-quatre années passées hors de France. En 1991, suite à des pillages, le lycée français a fermé ses portes et l’ordre d’évacuer le pays a été donné par les autorités françaises, d’où une année scolaire passée en Guadeloupe. Année très difficile pour mes enfants séparés de leur père, si bien que lors de la seconde évacuation, en 1993, j’ai décidé de rester à Kinshasa et de scolariser mes enfants dans une structure zaïroise, jusqu’en 1995.
Dès 1996, la section de l’ADFE a été très active en organisant des rencontres avec les compatriotes et des moments de convivialité dans un pays qui était devenu très difficile. Beaucoup de Français avaient été victimes de la perte de leurs biens et ces rencontres offraient un moment de détente très apprécié. Durant toutes ces périodes troublées, nous pouvons dire que nous avons toujours eu une oreille attentive au sein de l’Ambassade, même si nous n’étions pas toujours d’accord sur certaines prises de position vis-à-vis du Zaïre, devenu République Démocratique du Congo.
Sur le plan sanitaire, nous avons longtemps bénéficié d’un centre médical mais, pour des raisons financières, ce centre a été supprimé comme presque partout en Afrique. Beaucoup de Français, pour la plupart des binationaux, n’avaient pas accès à la Caisse des Français de l’Etranger parce que c’était trop cher… Heureusement, les recrutés locaux du lycée français ont enfin pu y accéder, après de nombreuses années de réclamations et la mise en place de la troisième catégorie aidée. La CFE, grâce à sa nouvelle politique, sera certainement plus accessible, surtout aux jeunes qui arrivent maintenant en RDC en grand nombre, bien que le pays ne soit pas encore bien stabilisé.
Les relations avec l’Ambassade ont toujours été agréables, pour le bénéfice de nos compatriotes. Mon regret est de voir que les jeunes ne s’investissent plus dans des associations à but non lucratif. On dirait qu’il y a en République Démocratique du Congo un désengagement, peut-être dû aux difficultés quotidiennes à vivre dans ce pays, qui est pourtant si attachant…
Michelle Speronel-Mwenetombwe