Le 16 juillet dernier, sous couvert d’un différend judiciaire entre deux employés russes et Business France en date de mai 2017, la France a décidé la fermeture de sa représentation en Russie.
Le timing interpelle, car cette annonce semble s’inscrire dans le plan de relance du commerce extérieur présenté par le premier ministre Edouard Philippe en février dernier. Dans la lignée du rapport Lecourtier, rendu public en novembre 2017, qui prévoyait qu’à « l’étranger, la mission de service public d’accompagnement des entreprises sera assurée dans chaque pays par un acteur unique, selon des standards de qualité homogènes », le chef du gouvernement avait ainsi annoncé que « Business France et les chambres de commerce seront désormais associés ».
Dans les faits cela signifie que l’Etat semble se désengager financièrement de son dispositif de diplomatie économique au profit de partenaires privés, en premier lieu les CCI. Dans la continuité des politiques menées depuis un an, c’est le service public à destination des Français de l’étranger qui est mis à mal, et ce sont les structures privées qui se frottent les mains.
En Russie par exemple, on note qu’hormis la CCI France Russie, de nombreuses sociétés spécialisées dans l’accompagnement des entreprises françaises en Russie, ont répondu à un appel d’offres estimé à plus de 500 clients par an !
Si les services fournis par Business France seront facilement remplacés par des acteurs privés attirés par ce nouveau marché, nous pouvons être plus inquiets sur les conditions d’accès à ces services pour les usagers. Ainsi, il ne serait pas surprenant de voir les prix augmenter, puisque les tarifs de Business France étaient fortement subventionnés.
Si cela aura peu de conséquences sur les grands groupes qui faisaient très peu appel à Business France, il y a fort à parier que cela pénalise encore plus les PME françaises à l’export pour qui l’augmentation représentera un handicap supplémentaire.
Mehdi Benlahcen