En 2018, la question de l’égalité homme-femme est toujours prégnante dans nos sociétés. Cette question se pose également dans le secteur médical. Selon une enquête menée par l’American National Pain Report en 2014, plus de 90% des femmes souffrant de douleurs chroniques font l’expérience de discrimination des services de santé. Pour ne rien arranger, beaucoup de femmes trouvent difficile d’avoir une « maladie féminine” et d’en parler. Il existe de nombreuses maladies affectant les femmes, et toutes méritent notre attention, parmi elles notamment, l’endométriose, une maladie gynécologique chronique, douloureuse et fortement invalidante. Le 24 mars 2018 se déroulera la 5ème édition de l’ENDOMARCH, Marche Mondiale pour l’Endométriose, destinée à informer et sensibiliser le plus grand nombre sur ces questions.
Qu’est-ce que l’endométriose ?
L’endométriose est une maladie où la membrane muqueuse qui enveloppe l’intérieur de l’utérus ou un tissu du même type commence à se développer à l’extérieur de l’utérus, le plus souvent dans la cavité abdominale. La cause de l’endométriose est inconnue. La population et le personnel de santé ayant peu de connaissances de la maladie, il faut souvent de nombreuses années avant que le diagnostic ne soit établi. La probabilité d’être atteint de l’endométriose augmente à partir de la puberté et atteint un pic généralement vers l’âge de 40 ans. Après, le risque diminuera à nouveau. La maladie touche 5 à 10% de la population féminine. Le nombre de malades est en augmentation notamment grâce à de meilleurs méthodes de diagnostic, à une meilleure information du personnel de santé, également car les femmes allaitent moins ou reportent la grossesse à un âge plus avancé.
L’endométriose se retrouve le plus souvent dans le bas du ventre, mais se développe aussi dans d’autres parties de la cavité abdominale. Le tissu étant le même que celui couvrant l’utérus, l’endométriose réagit à des changements hormonaux similaires à l’endomètre de l’utérus. En d’autres termes, le tissu de l’endométriose devient plus épais chaque mois. Par la suite, les lésions d’endométriose se congestionnent et saignent durant les règles. Mais à l’inverse des menstruations évacuées du corps, le sang du tissu « égaré » n’a pas d’issue. Il peut se développer une inflammation qui irrite les tissus environnants et provoque la formation de cicatrices ou de kystes.
Les symptômes les plus communs de l’endométriose sont la douleur et la difficulté à tomber enceinte. Les femmes atteintes d’endométriose ont des douleurs de la cavité pelvienne, c’est-à-dire tout au bas de l’estomac. L’intensité de la douleur peut varier, pouvant être constante ou sporadique. La douleur menstruelle est très commune en soi. La douleur survient quelques jours avant la menstruation et diminue à mesure que le saignement devient plus fort. Vers la fin de la période, la douleur est plus supportable. L’endométriose peut exacerber la douleur menstruelle. Certaines femmes peuvent se sentir fatiguées et mal à l’aise, ou avoir du mal à dormir.
Les problèmes de fertilité sont également fréquents : environ 1 femme sur 3 souffrant d’endométriose a besoin d’une aide médicale pour tomber enceinte.
Le diagnostic est souvent rendu difficile par la difficulté à retrouver le tissu de l’endométriose avec les méthodes courantes d’imagerie médicale et nécessite parfois un traitement.
Les anti-douleurs sont généralement utilisés en premier et fonctionnent relativement bien. Un autre conseil est le traitement thermique sur l’abdomen sous la forme d’une bouteille de chaleur ou d’un bain chaud. La pilule, sous différentes formes, fonctionne également très bien face à toutes les formes de douleur de l’endométriose. D’après une étude, la douleur chez la moitié des femmes qui ont pris des œstrogènes a disparu. Dans certains cas, une opération est nécessaire, quand le traitement médical est inefficace. Dans ce cas les méthodes micro-invasives sont privilégiées.
Afin d’informer, de sensibiliser, d’assurer une meilleure prise en charge de la maladie, l’EndoMarch aura lieu dans plus de 60 capitales à travers le monde.
Stéphane Mukkaden
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