Officialisée par les Nations Unies en 1977, la « Journée Internationale des Femmes » trouve son origine dans les luttes des ouvrières et des suffragettes du début du XXème siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote.
Une première Journée nationale de la femme (« National Woman’s Day ») a lieu le 28 février 1909 à l’appel du Parti socialiste d’Amérique. En 1910 la journaliste allemande Clara Zetkin lance l’idée d’une journée des Femmes. Le 19 mars 1911, un million de femmes manifestent dans un grand nombre de pays d’Europe (Allemagne, Suisse, Autriche, Danemark) et aux Etats-Unis. Elles exigent le droit de vote, d’occuper des fonctions publiques, d’avoir le droit de travailler et se battent contre la discrimination au travail.
Et les évènements s’enchaînent : 8 mars 1914, les Allemandes demandent le droit de vote ; 5 juillet 1914, en France, Louise Sumoneau et son Groupe de femmes socialistes organisent la première manifestation, la première « journée des femmes », pour réclamer le droit de vote et l’égalité politique ; la même année, en Grande Bretagne, les suffragettes radicalisent leur action.
Le 8 mars 1917, dans l’Empire Russe, les femmes ouvrières et ménagères défilent pacifiquement dans les rues de la capitale, Petrograd à l’époque, et réclament du pain, le retour de leurs maris partis au front et la paix. Ce sera le premier jour de la Révolution Russe, initiée par les femmes !
Ainsi, à travers les luttes de ces femmes, dans des pays que la guerre opposait et dans des situations politiques très différentes, la tradition du 8 mars se met en place.
Mais : « Le 8 mars n’est pas, comme on l’entend parfois, la journée de “la” femme, qui mettrait à l’honneur un soi-disant idéal féminin (accompagné de ses attributs : cadeaux, roses ou parfums) » rappelait la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, en 2013.
C’est une Journée, pour battre le rappel au moins une fois par an, même si c’est au quotidien qu’il faut se mobiliser pour faire progresser les droits de femmes ;
Internationale, parce que partout dans le monde des femmes subissent injustice, discriminations et oppressions ;
de lutte, parce que sans combat, les choses ne changent pas, la longue histoire des luttes des femmes le rappelle !
pour les droits, parce que les femmes ne demandent pas des fleurs ou des faveurs, mais les mêmes droits que les hommes ;
des Femmes, parce que ça concerne toutes les femmes, quelles qu’elles soient, dans leur diversité plurielle.
Chaque mot compte ! Ce n’est ni la Saint Valentin ni la fête des mères ! Cette journée n’est pas un produit marketing : non, Messieurs, n’offrez pas des fleurs !
Le 8 mars, journée de manifestations à travers le monde, est l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes dans chaque pays et au niveau mondial : les grandes organisations internationales (ONU, FIDH…) montrent chaque année le chemin qu’il reste à parcourir et rappellent que « Naître fille, c’est devoir surmonter beaucoup d’obstacles ».
Le 8 mars, nous rappelons que des inégalités persistent encore partout dans le monde : nous en sommes témoins chaque jour, là où nous vivons, nous connaissons les injustices faites aux femmes, les souffrances que certaines endurent. Aucune idéologie, aucune « fatalité biologique », aucune religion ne peuvent les justifier. Nous connaissons aussi les luttes qu’elles mènent, seules ou avec des hommes conscients de ces injustices et de l’impasse où elles mènent ; nous mesurons les progrès accomplis ici, les retours en arrière ailleurs. Et la lutte doit être continue, vigilante, partout, pour toutes !
L’égalité est une question de droits, qui concernent tous les humains, hommes et femmes. L’égalité n’est pas à géométrie variable, elle n’est pas « naturelle », elle est le fruit d’une prise de conscience et d’une volonté collective, mais pas encore universelle : il reste beaucoup de choses à faire pour parvenir à cette égalité. Ecoutons la parole des femmes, elles montrent le chemin.
Souvenons-nous de cette citation d’Olympe de Gouges, extraite du préambule pour la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) : «La femme a le droit de monter à l’échafaud (ou de mourir en méditerranée pour fuir la misère ou la guerre, ndlr); elle doit avoir le droit de monter à la tribune ». Cette féministe, l’une des premières de l’histoire, se battait aussi pour la cause des Noirs et l’abolition de l’esclavage ; elle mourra guillotinée en 1793.
Français du monde-adfe, avec ce numéro, donne la parole aux femmes, à ces femmes qui composent notre association ou qui sont proches de nos valeurs.
Chacun, homme et femme, a le droit à la parole. Les femmes ont le droit de dire, d’écrire, de bloguer, de tweeter ! De se faire entendre, d’être entendues !
Marie-Pascale Avignon-Vernet et Simon Holpert