Né à Melun en 1962, depuis l’âge de seize ans j’ai toujours eu envie de partir vivre à l’étranger. Je suis resté travailler 12 ans en région parisienne en continuant de rêver aux grands espaces américains puis africains et finalement les trains de banlieue et le RER ont renforcé cette détermination. C’est en 1995 que je franchis le pas, en pensant d’abord m’installer en Nouvelle Calédonie où je pourrais concilier l’exotisme avec les avantages de la France, pays auquel je suis vraiment très attaché. Mais, ayant échoué à trouver un travail à Nouméa, on m’a proposé le Vanuatu, qu’on appelait avant 1980 les Nouvelles Hébrides (condominium franco-britannique, unique dans l’histoire).
Je me suis retrouvé agent de voyages sur l’île d’Espiritu Santo, au nord de l’archipel. Climat tropical, ambiance bon enfant, pétanque, tarot ; de nombreux Français étaient encore présents (Cirad, IRD, profs et médecins en coopération du service national). La population locale est tellement chaleureuse, tout le monde se dit bonjour et de nombreuses personnes me saluent, connaissent mon nom alors que je viens d’arriver. La population est très diversifiée, Mélanésiens, bien sûr, mais aussi de nombreux Australiens et Néo-Zélandais, des Japonais, des Français de France, des Français nés sur place, souvent métis, et de nombreux Chinois (souvent francophones, nés aussi sur place et ayant été à l’école chez les sœurs). Tout le monde se mélange pour faire la fête ou se retrouver sur les plages de sable blanc le week-end.
Un peu frustré côté culture tout de même, je prends contact avec Georges Cumbo, directeur de l’Alliance Française du Vanuatu, et avec son aide précieuse, je monte l’Alliance Française de Luganville, à Santo. Nous montons une bibliothèque, un ciné-club et nous organisons en 1996 la première Fête de la Musique. Arrivé célibataire, je tombe sous le charme de ma future femme, Alice, et nous avons notre premier enfant la même année. Devenu l’interlocuteur privilégié de l’Ambassade de France, je deviens officiellement Consul Honoraire en 2001.
Afin de mettre notre fille à l’école française, nous sommes obligés de déménager dans la capitale en 2003, où je travaille pour la compagnie aérienne de Nouvelle Calédonie. Retour dans la « grande ville » de Port Vila (35 000 habitants), tout le monde se connaît quand même et très vite je suis impliqué dans la vie de la communauté française. Même si je prends la nationalité vanuataise en 2006, je reste très attaché à mon pays d’origine, et je rentre dans les comités de l’Alliance et du Lycée français, où j’ai maintenant mes trois enfants.
En 2011, toujours avec Georges Cumbo, nous créons l’antenne de Français du Monde-adfe Vanuatu. Après le passage de Thierry Mariani (député UMP) il nous avait semblé urgent de rééquilibrer la représentation des Associations de Français, totalement dominée par l’UFE jusque là. L’association ne compte que 5 membres à la création et nous sommes aujourd’hui 17 membres actifs.
Depuis, nous avons lancé plusieurs actions, notamment dans le domaine de l’environnement (ramassage des piles usagées, abolition des sacs plastiques, etc.) et de l’aide aux Français en difficulté (surtout après le passage en 2015 du cyclone PAM, de force 5).
En 2013, Georges, vice-président de l’association est élu Conseiller Consulaire et depuis nous siégeons dans toutes les commissions (bourses scolaires, sécurité, CCPAS, etc.).
La vie à l’étranger est un choix, pas toujours simple, surtout quand on prend de l’âge. Ici au Vanuatu, les deux problèmes principaux sont l’éducation et la santé. Tout ceci a un coût important, il faut aussi préparer sa retraite individuellement. Contrairement à l’image que le Vanuatu semble avoir sur un plan international, où le terme de « paradis fiscal » revient régulièrement, nous ne sommes, pour une grande majorité d’entre nous, pas des nantis, loin s’en faut. Les activités de l’association et des différents comités en sont la parfaite démonstration, l’entraide et la solidarité de la France sont indispensables à la vie ici, voire à la survie pour certains…
Globalement, j’ai l’impression d’avoir eu deux vies différentes, et malheureusement, ce que j’ai fui sans pouvoir à l’époque mettre un nom dessus, c’est la mondialisation, et celle-ci est en train de se propager partout, même au Vanuatu.
Pascal Prestat