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Adoption (Örökbefogadás) – Márta Mészáros

Editions Malavida

https://www.malavidafilms.com/dvd-adoption-369.html?PHPSESSID=c61bd018b75cfea0ee62b6820c4a856c

 

« L’année de la femme », c’est ainsi que le critique Wolf Donner décrivait dans son article dans DIE ZEIT la Berlinale (Festival International du Film de Berlin) de 1975 où Márta Mészáros décrocha l’Ours d’Or avec son film en noir et blanc Adoption. Première femme à obtenir cette distinction, le monde du cinéma ouvrait enfin ses portes au féminisme en 1975.

Kata (Katalin Berek, merveilleuse), la protagoniste principale joue une ouvrière d’usine de 42 ans qui a une liaison avec un collègue marié, Jóska, qu’elle aime beaucoup. Ce collègue est la seule personne qui rompt sa solitude. Un jour cette solitude disparaît avec la rencontre d’Anna, une adolescente, détenue dans un institut d’Etat voisin pour délinquantes juvéniles. « Anna est belle, lisse, elle a le regard blanc des sphynges symbolistes de Fernand Khnopff, Kata est déjà vieillie par le travail, indépendante mais prématurément usée, voûtée. » (Cinéma hongrois 1963 – 1988, Jean-Pierre Jeancolas) Anna et Kata s’apprivoisent, s’adoptent et tissent une solidarité féminine entre elles.

Anna met en garde Kata sur l’adoption car les enfants abandonnés sont tous meurtris. Des rapprochements entre Kata et Anna font de ce film, un film sur l’intimité émotionnelle et sur le besoin humain d’intimité émotionnelle. Connaissons-nous nous-mêmes notre propre intimité ?

Le film raconte comment nous nous trompons, comment nous nous mentons parfois sur nos propres motivations les plus profondes, même en ce qui concerne les décisions et les engagements vraiment importants. La résignation n’est pas possible chez ses femmes.

Anna veut épouser un garçon de 22 ans, qu’elle aime ou croit aimer. Souhaite-t-elle, tout simplement, s’émanciper, se libérer de l’Institut ?

Kata veut avoir un enfant de Jóska, déjà père. Ce désir est présent chez Kata uniquement et ne demande pas le concours de cet homme pour élever l’enfant.  Son horloge biologique sonne. Souhaite-t-elle, tout simplement, avec ce désir d’enfant s’émanciper, se libérer ?

Anna et Kata sont des femmes autonomes, une des revendications phares dans la filmographie de cette remarquable cinéaste hongroise.

Simon Holpert

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