Accueil 5 L'association 5 Inna Modja rappelle son soutien à la Maison des Femmes de Saint Denis.

La journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes a eu lieu le 25 novembre dernier. Des évènements ont eu lieu partout dans le monde. Français du monde-adfe a eu l’honneur de s’entretenir avec Inna Modja, artiste franco-malienne et marraine de la Maison des Femmes de Saint Denis au nord de Paris.

L’idée énergique et passionnée de la construction de la Maison des femmes à Saint Denis vient de Ghada Hatem, gynécologue. Quand Inna Modja la rencontre, le lieu est encore un parking et le début de la levée de fonds est en train de se mettre en place.

La Maison des Femmes est un lieu important pour les femmes en détresse. C’est un accompagnement vital pour elles. Cette maison propose des consul­ta­tions aux femmes victimes de viol, de mariages forcés, d’in­ceste, d’ex­ci­sion et autres muti­la­tions sexuelles.

Tout de suite, Inna est rentrée dans l’aventure car c’est un lieu où les femmes peuvent venir frapper à la porte pour avoir une consultation avec une gynécologue, une sage-femme, ou aussi avoir un suivi psychologique, un guide dans une procédure d’IVG, et également un accompagnement pour porter plainte. Il y a beaucoup de choses dans le même lieu. Cela permet aux femmes qui sont un peu perdues de pouvoir arriver et d’être prise en charge.

« Quand on est victime de violence on est souvent dans un état de manque d’estime de soi, de peur et, déstabilisée. »

En 1 an, il y a eu 11 000 consultations. Créée et construite avec des subventions et surtout des donations privées, la Maison des Femmes fait aujourd’hui une levée de fonds avec la plateforme de financement participatif GoFundMe. Le souhait est de réunir 30 000 € pour « permettre de financer un second poste de sage-femme d’accueil à mi-temps pendant un an ».

Impliquée depuis plus de 15 ans dans la lutte contre l’excision, Inna avait envie d’être une marraine active au sein de la maison des femmes. Des groupes de paroles pour les femmes victimes d’excision se sont mis en place mensuellement et Inna les anime avec Ghada ou une sage-femme quand ses tournées lui permettent. Grâce à ces groupes de paroles, ces femmes ont un endroit sécurisé ou elles peuvent parler sans peur. Il y a beaucoup de peur car l’excision est pratiquée sous la contrainte avec beaucoup de non-dits.

Etre ensemble, c’est une force, et ces groupes de paroles permettent de trouver une force. Ces femmes peuvent s’appuyer les unes sur les autres. Savoir qu’elles ne sont pas seules leur permet de sortir de l’isolement.

La violence est également présente dans la solitude et les tabous doivent s’envoler. C’est un début pour se reconstruire : parler ça aide tout le monde.

Dans son histoire personnelle, Inna avait sa famille qui la soutenait et elle pouvait leur parler sans peur. Elle a été excisée à l’insu de ses parents, sa mère est une ancienne sage-femme et son père est un grand féministe. Même militante, Inna a toujours pu en parler, elle nous confie qu’elle ne peut pas en parler comme elle le voudrait car il y a la honte qui va avec l’excision. « Même si on a la liberté de le faire, arriver à se détacher de la honte n’est pas évident. »

Lors de son opération de réparation, Inna a rencontré une jeune femme française avec des parents d’origine malienne qui allait pratiquer cette réparation à l’insu de ses parents. Toutes deux allaient être opérées le même jour. Pour économiser, Inna héberge cette jeune femme mais aussi pour se soutenir mutuellement pendant la convalescence. Inna était terrifiée par les dires de cette jeune femme surtout quand Inna lui demanda qu’elle serait la pire chose qui pouvait lui arriver si sa famille découvrait son opération réparatrice car c’était qu’il la réexcise.

« Jusqu’où va-t-on aller pour enlever à une femme son identité de femmes et la mutiler pour la cantonner dans une place de laquelle on ne voudrait pas qu’elle sorte ? »

La Maison des Femmes a également besoin de s’agrandir. Dans ce lieu qui se doit d’être chaleureux, il y a aussi un groupe de paroles de femmes victimes de violences domestiques. En plus du suivi médical et psychologique, il y a de nombreux bénévoles, par exemple, des profs de yoga qui proposent des cours gratuits. Il y a aussi des séances de maquillage pour réapprendre à s’accepter. Il y a aussi des conteuses qui viennent avec la guitare sous le bras.

La Maison des Femmes de Saint Denis est un véritable lieu de vie, un endroit où les femmes peuvent respirer.

 

Simon Holpert

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