Sorti en salles en France ce mercredi 30 août, le premier film d’Héctor Cabello Reyes, 7 jours pas plus, avec l’acteur belge Benoît Poelvoorde et l’acteur indien Pitobash, nous propose une jolie réflexion sur l’acceptation de l’autre, de l’inconnu – une réflexion rythmée et portée par la sublime bande originale composée par Jacynthe Moindron-Jacquet.
Cette comédie d’auteur relate la rencontre hasardeuse de Pierre, un quincailler célibataire maniaque, et d’un jeune Indien perdu, Ajit. Le jeune homme n’est pas un migrant, mais juste un être humain sans famille, sans ressources, égaré dans un pays dont il ne parle pas la langue. Benoît Poelvoorde est tenté par le confort de l’indifférence : il ne le connaît pas, il ne sait rien de son histoire, il n’a aucune idée des démarches administratives à accomplir pour lui trouver un foyer. Pourtant, confronté à sa détresse, il l’accueille chez lui et tente de l’aider. Pour cela, il faut réussir à communiquer, aussi cherche-t-il à faire traduire ses propos par un autre Indien. Peine perdue : Ajit parle bengali, or il y a 18 langues officielles et plus de 1600 dialectes dans le sous-continent indien. Là-bas, les gens ne se comprennent pas tous et il existe de fortes inimitiés entre les différentes communautés linguistiques.
Ce film questionne intimement chacun d’entre nous : regarderiez-vous cet inconnu, cet étranger ? Prendriez-vous le temps de l’écouter même si vous ne comprenez pas sa langue ? Comment envisageriez-vous de lui apporter votre soutien ? Car personne – ni les passants ni les instances officielles – n’est prêt à lui consacrer du temps, d’essayer decomprendre sa situation, de le laisser s’exprimer pour lui proposer des solutions. Et même pour Pierre, le délai qu’il accorde à Ajit est, initialement, de « 7 jours, et pas plus » – mais, dans cette fable, c’est sans compter avec l’humanité qui est la sienne, peut-être un peu enfouie, peut-être un peu timorée, mais toute prête à le surprendre.
Avec cette adaptation du film argentin El Chino, Héctor Cabello Reyes nous interroge remarquablement sur notre place de citoyen en France mais aussi dans le monde.
Chacun de nous peut être perdu.
Chacun de nous peut être étranger.
Chacun de nous peut être incompris.
Chacun de nous peut venir d’une autre culture.
Chacun de nous a besoin de l’autre.
Nous qui vivons ou qui avons vécu à l’étranger, nous le savons. La première barrière est celle de la langue, mais les rencontres et les hasards de la vie changent nos vies et permettent la communication, la compréhension et le respect des différences.
Simon Holpert
© Océan Films