Mes parents sont nés au Vietnam. Ils y ont vécu jusqu’à la guerre et sont arrivés en France en 1976. Ma grand-mère maternelle était métisse franco-vietnamienne et a épousé un Chinois. Mon père, sino-franco-vietnamien, est issu d’une famille de commerçants relativement aisée.
Je suis née à Paris, j’y ai grandi dans un environnement mélangé. Mon nom de famille est d’origine chinoise. Mes parents m’ont donné un prénom français et m’ont laissé choisir un prénom vietnamien : Tu Tho qui signifie « beau poète » en vietnamien. Mes parents nous emmenaient, ma sœur et moi, tous les deux ou trois ans au Vietnam et mettaient un point d’honneur à nous parler en vietnamien, sans grand succès. Ils tenaient à ce que nous connaissions nos racines.
C’est au Vietnam que j’ai finalement appris la langue lors d’un premier long séjour, en 2007. A la fin de mes études, en 2009, j’ai accepté un emploi de responsable communication à la Chambre de Commerce et d’Industrie Française au Vietnam (CCIFV). Cette expatriation devait durer deux ans mais la vie en a décidé autrement …
Voilà maintenant presque huit ans que je vis au Vietnam. J’y ai créé en 2010 une société d’événementiel. Je suis très proche de mon associée et de mes employés, c’est ma seconde famille. Mais je ne me sens pas pleinement intégrée à la société vietnamienne. On me voit avant tout comme une métisse, on s’adresse à moi en anglais. Quelle surprise quand je réponds en vietnamien ! Il me manque encore certains codes pour me sentir bien insérée. Mes amis les plus proches viennent surtout de la communauté internationale.
Quand je travaillais à la CCIFV, j’ai rapidement sympathisé avec son président, Marc Villard. Il m’a aidée dans mon installation, m’a présentée à son entourage. Il m’a parlé de son implication auprès de la communauté française et dans Français du monde-adfe. Je me suis intéressée à son engagement et par ce biais j’ai adhéré à l’association. Venir en aide à d’autres personnes, les accompagner dans leur installation : ce sont les actions concrètes tournées vers la communauté française qui m’ont plue et attirée dans l’association.
Notre section connaît bien ce que fait le bureau de l’UFE. Ils font un important travail d’animation, ils ont fait le choix de la convivialité (organisation de repas, de soirées). C’est leur approche, la nôtre est différente et c’est par choix. Cela se ressent sur le nombre d’adhérents, à notre désavantage. Nous sommes là pour tout le monde, adhérents et non adhérents, ce qui est vrai. Alors pourquoi adhérer ? Quelle est l’utilité ? Peut-être aussi ne veulent-ils pas être étiquetés.
Un projet me tient à cœur : que Français du monde soit connue de tous les Français arrivant au Vietnam. Je voudrais vraiment qu’on aille vers eux. C’est pourquoi nous voudrions mettre en place avec le consulat un système de point d’écoute, le consulat mettant à notre disposition une salle et un numéro de téléphone. J’espère qu’on pourra finaliser ce projet cette année.
Je m’implique aussi dans le caritatif. Il est important de rendre aux autres ce qu’on a eu la chance d’avoir. J’ai aidé la fondation Alain Carpentier et l’Institut du Cœur au Vietnam à monter un gala de charité : les fonds ainsi levés permettent d’opérer des enfants vietnamiens souffrant de maladies cardiaques. Désormais, le tiers des ressources humaines de mon entreprise doivent être dédiées à une œuvre caritative ou à une association. Et les adhérents de Français du monde-adfe ont répondu présents pour organiser cet événement.
Ma vie est une histoire de rencontres, une succession de projets … Mais rien n’est prévu, je ne sais pas encore ce que je vais faire. Mais une chose est sûre : mes parents commencent à vieillir, et à un moment je me rapprocherai d’eux.