Du fait de l’éloignement de la famille ou des amis, des difficultés à comprendre le système de santé ou la maladie elle-même, vivre et soigner un cancer à l’étranger relève d’un parcours du combattant. Malgré des soins de qualité, l’isolement et la perte de repères sont bien souvent amplifiés par les différences culturelles et linguistiques.
Recevoir des soins, assurance et suivi
Les soins reçus varient beaucoup de pays à pays. Certains décident de rentrer en France tandis que la grande majorité des français installés depuis longtemps avec leur famille dans leur pays d’accueil décident d’y rester afin se faire soigner. Catherine, résidente aux Pays Bas depuis 2001, souffre d’un cancer récurrent diagnostiqué en 2011. Elle déclare bénéficier de soins excellents et être aujourd’hui protégée au titre d’une invalidité permanente: « Les conversations avec l’équipe médicale se passent même en anglais, et une infirmière est disponible 24 heures sur 24. Mon expérience, médicalement parlant, a été très bonne, car j’ai été soignée par une très bonne équipe. » Plus d’informations sur le blog Et pourtant je veux vivre de Catherine Transler.
Aux Etats-Unis, et dans bon nombre de pays où la médecine privée est de règle, les difficultés de la couverture assurance-maladie créent des difficultés très stressantes. Yvana, résidente aux USA, est allée en France pour avoir un second avis suite à l’annonce de sa maladie mais « pour des raisons familiales, je suis rentrée pour les soins. Notre assurance américaine avait de toutes façons décliné de les couvrir hors du pays… J’ai été soignée dans le système privé à la fin des années 90, le service public était réservé aux « indigents ». Il a fallu demander moult autorisations à la compagnie d’assurances. À titre d’illustration, au milieu du traitement chimiothérapeutique, j’ai voulu aller au Canada. La compagnie d’assurance nous a signifié qu’elle ne couvrirait pas de traitement administré dans un rayons supérieur à 30 km de notre domicile… ». Joséphine, en Equateur, a pu elle aussi être soignée en 2012 grâce à son assurance privée équatorienne afin de recevoir des soins dans le système de santé privé de qualité. Elle précise adhérer également à la CFE, en cas de besoin d’un traitement plus spécifique. » Vu que les remboursements sont calculés sur les tarifs français et que les prix en Equateur sont environ trois fois plus chers, cela m’oblige à avoir aussi une assurance locale. », rajoute-t-elle.
Paula, résidente en Espagne, a pu bénéficier de la sécurité sociale espagnole et de la CFE afin de « garder la possibilité de se faire soigner en France. Cela implique des frais supplémentaires mais cela me rassure« .
Lutter contre l’isolement
Catherine avait contacté le Consulat alors qu’elle était enceinte en Hollande, mais n’avait pas trouvé d’information pour cette première expérience médicale. Lorsque le cancer s’est déclaré, quelques années plus tard, elle n’a pas pensé à aller chercher de l’aide auprès du système français. Elle déplore qu’il n’y ait malheureusement pas d’association française qui aide sur un plan pratique ou psychologique. L’échange et le partage, c’est ce qui m’a manqué le plus.Sur le plan social, l’expérience a été difficile, car l’isolement est très grand. » En revanche, pour Joséphine en Equateur, les services sociaux de l’Ambassade de France ont été précieux. Au Mali, pour Ibrahim, lors de la maladie de son père, le soutien de la Conseillère Consulaire a fait la différence.
Yvana, aux USA, s’est appuyée sur une association de femmes. « Je l’ai utilisée pour avoir des renseignements sur les médecins, même si le lieu du traitement était pré-déterminé par l’assurance. L’expérience du cancer est très particulière dans un pays étranger. Il faut se créer un réseau de soutien parmi ses connaissances« . Pour Paula en Espagne, c’est une psychologue qui lui a donné la volonté de se battre…et à la reprise de son travail, le personnel a tout fait pour lui faciliter son retour.
Un autre problème soulevé par Catherine porte sur le fait que les associations et les sites internet ne parlent jamais du sujet du décès et des soins de fin de vie. « Je n’ai pas réussi à trouver des informations sur les soins palliatifs, la fin de vie, comment faire un testament, ou des funérailles. Nous manquons cruellement d’aide et d’informations à l’étranger, en langue française et chaque pays a ses particularités. »
Il y a beaucoup de choses à faire en terme d’aide directe et d’informations. Rose association souhaite diffuser leur journal auprès des français-e-s hors de France afin qu’ils puissent y trouver les informations nécessaires. Notre association peut aussi, au moyen de son réseau d’entraide et de ses conseillers consulaires, soutenir les personnes les plus isolées. Face à la maladie, se sentir entouré fait la différence! Découvrez le dernier numéro de Rose magazine!
Gaëlle Barré et Stéphane Mukkaden
Nous tenons à remercier chaleureusement les nombreuses personnes qui nous ont aidés à construire cet article grâce à leurs témoignages.
Illustration: Csaba Klement