Le 08 mars, qui se célèbre dans de nombreux pays, pour rappeler que la conquête des droits des femmes n´est jamais terminée, a pour double origine la lutte des travailleuses. Même s´il est désormais avéré que l´origine attribuée aux protestations des ouvrières du textile à New York en 1857 n´est pas certaine, cette journée, proposée par les femmes socialistes en 1910, souhaitait reprendre les revendications des femmes au travail : un monde assez violent où elles étaient particulièrement exposées, du fait de la nature de leur emploi et de leur statut dans la société en général.
Un siècle plus tard, force est de constater que les revendications professionnelles plus spécifiques à la condition féminine, se sont souvent dissoutes dans des demandes sectorielles. Malgré une certaine évolution, de nombreux métiers ont encore un genre: « La moitié des femmes actives se concentrent dans douze des 86 métiers recensés, métiers où elles travaillent quasiment exclusivement entre elles ».[1] L´explication est multiple, liée à l´évolution des professions, aux choix d´études, à l´augmentation du secteur tertiaire, au prestige de certains métiers,… Dans ce contexte, la violence en milieu de travail peut prendre des formes aussi diverses que les rumeurs, les jurons, les injures, les mauvais coups, les chicanes, les dommages matériels, le vandalisme, le sabotage, la bousculade, le vol, l’agression physique ou psychologique, les accès de colère, le viol, l’incendie volontaire et le meurtre. Les femmes sont davantage victimes de la violence que les hommes en général, et leur secteur d´activité et le type d´emploi qu´elles occupent les exposent davantage. Des mesures sont à mettre en place : la prévention qui passe par l´organisation du travail et le dialogue social ; un dispositif de signalement des comportements inappropriés sans risque de représailles ; l´articulation avec les instances publiques concernées, voire l´accompagnement pour une plainte en justice. Pour que cela fonctionne, il faut rompre avec la culture du silence et de la peur, en s´inspirant du célèbre énoncé de John L. Austin : « Quand dire, c´est faire ».
Florence Baillon, membre du Conseil d’administration de Français du monde-adfe
[1] [1] Régine Bercot, chercheuse au CNRS et professeure à Paris 8, citée par Catherine Bernard, dans « Travail des femmes : les images ont la vie dure », Slate, 2012.