Violences conjugales : un fléau quotidien
En France, tous les deux jours et demi, un homicide est commis au sein du couple. Au cours de l’année 2015, 136 personnes sont décédées, victimes de leur partenaire ou ex-partenaire. En moyenne, une femme décède tous les 3 jours et un homme tous 17,5 jours. De nouvelles mesures de protection ont été mises en place par le Gouvernement français et déployées dans le cadre du 4ème plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes. Un travail de prévention et de sensibilisation suit son cours, alors qu’il est estimé que moins d’une victime sur cinq se déplace à la police ou à la gendarmerie.
Une étude récente menée par l’OMS, sur la base de données en provenance de plus de 80 pays, a constaté qu’au niveau mondial 35% des femmes ont été exposées à des violences physiques et/ou sexuelles, généralement de la part de leur partenaire intime. Ce rapport de l’OMS révèle aussi des disparités géographiques : parmi les femmes agressées par un partenaire intime, 37,7 % vivent en Asie du sud-est, 37 % en Méditerranée orientale et 36,6 % en Afrique.
Dans plusieurs pays d’Europe du Sud et d’Amérique latine, on parle aussi de « féminicide » pour désigner toute forme extrême de violence contre les femmes, la plupart en milieu familial. En Amérique latine, comme en Bolivie, en Chili ou en Costa Rica, ou encore en Italie en Europe a été mise en place une législation spécifique correspondant à cette terminologie, qui comprend aussi les violences conjugales.
La « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique », dite Convention d’Istanbul, est entrée en vigueur en 2014. Ce texte est présenté comme l’ensemble le plus avancé et le plus complet des normes internationales en matière de lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Il incombe à l’Etat signataire, sous peine d’être en faute, de lutter efficacement contre cette violence sous toutes ses formes en prenant des mesures pour la prévenir, en protégeant les victimes et en poursuivant les auteurs. Il est clair que la parité ne sera pas une réalité tant que la violence sexiste persistera à grande échelle, au vu et au su des organismes publics et des institutions.
Que faire quand on est victime de violences conjugales et que l’on réside hors de France?
Dans les violences, il s’agit d’un rapport de domination et de prise de pouvoir de l’auteur sur la victime. Par ses propos et comportements, l’auteur veut contrôler et détruire sa partenaire. Ces violences créent un climat de peur et de tension permanent. Les conséquences pour la victime sont désastreuses : peur, culpabilité, perte de l’estime de soi et d’autonomie, isolement, stress. Les femmes françaises résidentes hors de France se sentent encore davantage isolées à l’étranger, plus fragiles, et ne sachant pas qui vers se tourner.
Que les faits soient anciens ou récents, si vous êtes victimes de violences conjugales, il faut en parler à une personne en qui vous avez confiance, à un professionnel sur place (un médecin, une assistante sociale, un avocat…) ou adressez-vous à une association spécialisée dans la lutte contre le viol et les violences faites aux femmes dans votre pays d’accueil.
Signalez ces faits à la police ou à la gendarmerie locale de votre pays d’accueil. Avec l’aide d’un avocat, il faudra engager des poursuites contre la personne qui vous agresse selon les procédures prévues par la loi de votre pays de résidence. Les services consulaires français présents dans votre pays de résidence ainsi que les conseillers consulaires de votre circonscription, très bien implantés localement, pourront vous fournir de précieuses informations afin d’identifier les professionnels qui vous soutiendront dans ce parcours.
Gaëlle Barré, membre du Conseil d’administration de Français du monde-adfe
Liens :
http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr/
Plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes
Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple