Thomas est étudiant, membre de l’association Coexister qui prône le vivre-ensemble entre non-croyants et croyants de différentes religions. Il nous raconte ses motivations et les fondements de son engagement.
C’est en janvier 2009 que remonte l’origine de notre association laïque (loi 1901) créée dans un contexte international très tendu à cause des bombardements sur Gaza, des nombreuses manifestations qui ont lieu en France, des synagogues et des mosquées attaquées et des cimetières profanés. Coexister est guidée par la vision d’une société et d’un monde dans lequel les personnes de différentes croyances religieuses peuvent vivre-ensemble comme le résume si bien notre devise associative « Diversité dans la foi, Unité dans l’action ». Aujourd’hui Coexister rassemble plus de 1800 adhérents répartis sur le territoire français grâce à ses 21 groupes locaux et environ 15 nouveaux groupes sont en cours de création donc 4 à l’étranger. Depuis six ans d’existence, ce sont près de 900 initiatives qui ont ainsi pu réunir plus de 55 000 participants dont plus de 38 000 jeunes ayant suivi nos actions de sensibilisation. Avec trois amis nous avons voulu créer en août 2014 un groupe local de cette association à Caen, suite au passage de jeunes de l’association qui revenaient d’un tour du monde pour recenser les initiatives locales en matière de laïcité, de dialogue interreligieux et de vivre-ensemble. Notre intuition, la coexistence active, nous la vivons par le travail commun, l’unité dans l’action, à trois niveaux : par le dialogue, la solidarité et la sensibilisation. La première dimension de l’interreligieux, c’est le dialogue, la rencontre interpersonnelle. Les jeunes apprennent donc à se connaître, à comprendre la religion de l’autre, à découvrir leur propre religion dans le respect de leurs ressemblances et de leurs différences. A Caen, nous avons donc commencé par un cycle de visites des lieux de cultes et de leurs croyants (synagogue, mosquée, temple protestant et église). La solidarité, c’est le cœur de l’action de coexister car apprendre à se connaître n’a de sens que s’il s’agit ensuite d’agir ensemble en faveur d’actions citoyennes ou solidaires au service des membres de la société, sans distinction de culture ou de religion. A Caen, nous avons donc voulu mettre en place en partenariat avec les Etablissements Français du Sang des « Ensemble à Sang% », collectes mensuelles au sein de l’université. Le dernier volet de ce triptyque est la sensibilisation. En effet, nous intervenons dans les collèges et lycées, mais aussi pour d’autres associations, afin de rendre témoignage de notre expérience dans une association où toute croyance, religion, origine et culture cohabitent en paix. Face aux étudiants, nous aimons déconstruire les préjugés en apportant une meilleure compréhension des religions grâce à des débats où tous les thèmes sont abordés. L’ensemble de ces interventions a pour but de sensibiliser à l’urgence d’une société interculturelle respectueuse de la diversité. Comme disait Martin Luther King : « Soit nous vivrons ensemble comme des frères, soit nous mourrons ensemble comme des imbéciles ». J’ai connu l’association Coexister dès 2010 en suivant par internet ses projets et actions. C’est en tant que jeune catholique, engagé depuis peu dans la communauté du Chemin-Neuf, que j’ai vraiment pris conscience de l’importance de l’œcuménisme et plus largement encore du dialogue interreligieux comme nous le suggérait le pape Jean-Paul II lors des rencontres d’Assise en 1986. J’ai aussi eu la chance de travailler au sein d’un collège classé en « zone d’éducation prioritaire » et de vivre dans ce même quartier à forte mixité culturelle et cultuelle. C’est cette expérience de vie quotidienne et de vie professionnelle qui m’a permis d’ouvrir les yeux sur la réalité des « frontières » comme le nomme le Pape François, mais aussi sur l’urgence d’agir et d’appré- hender les besoins locaux en matière du vivre-ensemble interreligieux pour une meilleure cohésion sociale. Suite à cela je me suis engagé politiquement comme élu, puis comme président de cette antenne associative afin de changer localement les habitudes et les mentalités pour favoriser cette coexistence active. Pour moi, l’interreligieux n’est ni le but ni la finalité des actions de Coexister, il est le moyen de l’association pour favoriser la cohésion sociale, créer du lien et contribuer au vivre-ensemble par des actions laïques, sociales, sociétales, solidaires et populaires. Le principe d’une laïcité positive est pour nous essentiel car elle ne considère pas les religions comme un danger mais comme un atout pour notre société.
Thomas Paulmier
Photo :
© Coexister – Corinne Simon
Pour aller plus loin :
Lire le magazine 181 de Français du monde consacré à la laïcité