Accueil 5 L'association 5 Economie sociale et solidaire : la coopérative « Oro Verde » ( Page 3 )

Benjamin, Ordo Verde : l’or vert, n’est-ce pas ! Oui bien sûr : nous sommes au Pérou dans le domaine agricole.

 

De la production de « la » coca à celle du café

Dans les années 1980 – début 1990, la région de Lamas, sur le versant amazonien de la cordillère des Andes péruviennes, était un haut lieu de production de coca à destination du narcotrafic. Près de 30 000 hectares étaient dédiés à la culture illicite de la « coca ».
La coca est une plante d’Amérique du sud qui joue un rôle important dans la culture andine, à travers ses utilisations médicinales. La cocaïne est extraite de ses feuilles, « la » coca la substance à mâcher qu’il fournit.
Cette culture constituait une manne financière importante pour les producteurs locaux (payés en dollars américains), mais ceux-ci évoluaient constamment dans un climat de terreur et ont manifesté leur volonté de s’émanciper en investissant dans des cultures de café et de cacao.


Une coopérative voit le jour en 1999 et se développe rapidement :

Novembre 1999 : 56 petits producteurs de café, anciennement producteurs de coca au Nord du Pérou, dans la région de Lamas, se regroupent et forment une coopérative  « Oro Verde ». Ils sont aidés notamment grâce au soutien du programme de développement alternatif des Nations unies.
Au cours de la campagne 2007, Oro Verde a vendu 100% de son café sur les marchés équitables, et a réussi à payer le café aux producteurs à un prix plus élevé de 10 à 15% par rapport aux intermédiaires locaux.
Aujourd’hui environ 1000 producteurs sont regroupés en 40 comités de café.


Les coopérateurs au service du projet collectif

Grâce aux acheteurs du commerce équitable, la coopérative reçoit pour chaque tonne de café vendu en équitable une prime de développement de 350 euros (soit un montant total d’environ 215 000 €).
Cette prime est gérée par les agriculteurs eux-mêmes : la coopérative a pu investir dans des domaines tels que l’amélioration des outils de production, le développement de l’entreprise par le financement des certifications biologiques, l’assistance technique et le processus démocratique par la formation des délégués des différents comités, le nettoyage des installations, nécessaire pour la bonne gestion de la qualité du café et la sécurité des employés.


Les coopérateurs développent la cohésion sociale

La parité au sein de sa base associative est effective : l’homme n’est plus seul à assumer la responsabilité de membre mais c’est le couple qui devient représentant. L’intégration de la femme aux prises de décision de la coopérative lui donne une légitimité au niveau de la communauté.
L’action de formation de la coopérative a contribué au cours de ces dernières 10 années de former des leaders paysans qui s’investissent aujourd’hui dans le développement local.
Au-delà de la cellule parentale, ce sont les enfants les premiers bénéficiaires de l’évolution des activités agricoles. La culture de la coca, exigeante en main d’œuvre, contraignait les enfants à travailler. Avec le développement du café, ils peuvent maintenant être scolarisés. Ce changement favorise un meilleur rapport entre parents et enfants.
Par ailleurs, 10% de la prime de développement évoquée précédemment est dédié à un service d’assurance santé pour les membres de la coopérative.


Des impacts écologiques

Plus de la moitié du territoire de Lamas est encore couvert de forêt primaire demeurée intacte. Pour la conserver, il est nécessaire d’accroître la productivité du café, et ainsi diminuer la pression sur les espaces naturels. C’est aussi à cette tâche que s’emploie la coopérative depuis une décennie.
Ainsi, entre autres initiatives, Oro Verde a construit un centre écologique de formation intensive de jeunes « leaders » sur les thèmes de la production, la qualité et la commercialisation, et contribue à l’équilibre de l’environnement.

Impacts sociaux, économiques et environnementaux dans un triptyque où chaque composante nourrit les deux autres : Oro Verde ?  Un joyau humain !

 

Benjamin Ty-Shen

 

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