Accueil 5 L'association 5 Nelson Mandela, un surcroît d’humanité

Étranger, nous avons choisi de le devenir en quittant notre pays natal pour nous expatrier. Dans le respect de nos droits fondamentaux, c’est une situation que nous vivons généralement bien, un enrichissement.

Naître « étranger » dans son propre pays, cela a été le destin du jeune Nelson Mandela, un destin qu’il a refusé, légitimement, ce qui lui a valu d’être considéré comme un terroriste et de passer 27 années de sa vie en prison, astreint aux travaux forcés.

Des millions d’êtres humains ont connu un tel destin dans tous les territoires conquis par des puissances impériales : devenir étranger chez soi. Y être soumis à une loi étrangère qui fait de vous un inférieur, soumis à l’arbitraire. Nelson Mandela a vécu ce quotidien amer des « damnés de la terre » conquis, occupés, colonisés, réduits en esclavage.

Son originalité est d’avoir lutté contre la déshumanisation programmée du système d’apartheid par un surcroît d’humanité, d’avoir théorisé cette forme  de combat et d’en avoir fait la ligne directrice du rétablissement de la paix civile après sa victoire. La non-violence du combat pour l’égalité et contre l’apartheid s’est transmuée en travail patient de réconciliation par la mise en place d’une justice destinée à établir les faits, à désigner les bourreaux et à leur faire reconnaître leurs crimes pour restaurer la dignité de leurs victimes, sans esprit de vengeance.

Si Nelson Mandela est célébré dans le monde entier aujourd’hui, c’est parce qu’il a élevé l’humanité au dessus d’elle même, là où elle était le plus bafouée, dans un régime odieux qui théorisait l’inégalité entre les hommes et organisait la domination des uns sur les autres. C’était une des formes du Mal que nous avons connue au XXème siècle, tout comme le nazisme, comme le fascisme, comme le totalitarisme. L’apartheid a laissé ses stigmates sur la société sud-africaine, le colonialisme sur les pays des empires français et britanniques qui l’ont subi, le racisme du XXème siècle sur l’Europe, sur la France. Le combat contre le Mal né du passé et renaissant dans le présent n’est jamais terminé.

Que ce soit le nôtre, où que nous vivions. Et n’oublions jamais le message de Nelson Mandela : la non-violence, si exigeante pour ceux qui la pratiquent, peut triompher de la brutalité des puissants. Il l’a prouvé. 

 

Monique Cerisier ben Guiga    

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