Accueil 5 L'association 5 Aide française à l’éducation, des chiffres en trompe l’œil : la chronique de Solidarité Laïque #3

Solidarité Laïque vient de publier son 1er Observatoire de la coopération éducative française (période 2009- 2011). Il se veut approfondir la connaissance des arcanes de notre Aide publique au développement (APD) et contribuer à infléchir notre politique pour lui donner la cohérence qu’elle mérite, comme l’ont souhaité les acteurs des récentes Assises du développement, à l’initiative du Président de la République.

 

Des constats pour le moins contrastés

L’éducation détient la première place de la contribution française au développement : elle représente, en 2011, 16,24 % de l’APD totale. En volume, elle a toutefois diminué, passant de 1,4 à 1,2 milliard d’euros. Toutefois, cette place importante accordée à l’éducation est à souligner dans une période très dure où de nombreux bailleurs internationaux ont renoncé ou réduit drastiquement leur soutien à l’éducation.

Cependant, tout juste 10% de cette aide est accordée à l’éducation de base.  Le reste de cette aide est sur-investi dans l’enseignement supérieur (70%) : les bourses et les écolages des étudiants étrangers faussent la lecture de l’aide à l’éducation réelle. Ces coûts représentent plus de la moitié de l’APD éducation. De fait, la moitié de cette aide reste… en France !

 

Concrètement, on constate un décalage entre les engagements français et les réalisations :

– Scolarisation primaire universelle et renforcement du secteur de l’éducation de base : engagement tenu à l’arrachée !
– Aide aux pays pour réorganiser le post primaire en diversifiant les voies d’éducation et de formation : engagement non tenu !
– Amélioration de la qualité, notamment de la formation des enseignants : 1,87% de l’APD y est consacré,  il existe une marge de progression… énorme !
– Recentrage des efforts sur les pays les moins avancés : en réalité, seuls deux pays de la liste de « coopération prioritaire française » figurent parmi les dix premiers pays bénéficiaires de l’APD éducation: le Sénégal et la Guinée…
– Effort pour promouvoir l’objectif d’égalité hommes-femmes dans l’éducation :   difficile à évaluer…
– Protection et éducation de la petite enfance : 0,0066% de l’APD totale !

 

Une faible visibilité du soutien à l’éducation

De multiples acteurs sont concernés par les fonds de l’aide au développement en éducation. Cela brouille la donne, minimise les enjeux et donne peu de visibilité à l’APD française : huit ministères, de multiples agences  et des institutions diverses…

En témoigne le schéma de l’organisation de l’administration centrale du ministère des Affaires étrangères où l’éducation n’est qu’un sous-secteur attaché « à la santé et au développement humain » dans la sous-direction des biens publics mondiaux, de la direction générale de « la mondialisation, du développement et des partenariats » !

Enfin, la Cour des Comptes souligne en juin 2012 dans son rapport sur « la Politique française d’aide au développement », que le transfert de certains dossiers, services et fonds du MAE à l’Agence Française de Développement  « a perturbé la mise en œuvre de certains projets et affaibli leur cohérence, notamment dans le domaine de  l’éducation où interviennent simultanément les deux acteurs ».

 

L’Education : le fondement de chaque vie

L’éducation est un droit fondamental, reconnu par les Nations Unies en 1948, intégré dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, article 26, puis dans de nombreux autres textes produits par la communauté internationale. Ce droit revêt un caractère multidimensionnel, recouvrant des aspects philosophiques, culturels, linguistiques, pédagogiques mais aussi économiques, politiques… qui concernent toutes les sociétés et les choix de sociétés eux-mêmes.

La France a le devoir d’en prendre davantage conscience et de s’organiser plus efficacement !

 

Carole Coupez

 

Lire l’observatoire : www.educationpourtous.com
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