Accueil 5 L'association 5 Kuapa Kokoo : « Pa Pa PAA » ! ( Page )

Avec ce titre, que veut donc évoquer Benjamin ? Patience, ami lecteur…
Nous sommes aujourd’hui en terre africaine, dans un pays ayant pour voisins le Burkina Faso, le Togo, le Bénin, et une longue côte sur l’Atlantique : nous sommes au Ghana. Le cacao y est cultivé depuis 1868. Jusqu’en 1991, la production et la commercialisation du cacao étaient une « affaire d’État ». L’implication étatique dans la culture de la fève de cacao garantissait des débouchés à la production.

Le vent libéral fait son œuvre

Sous la pression du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, l’économie ghanéenne se libéralise peu à peu. En 1992, la majorité des entreprises nationales œuvrant dans la commercialisation du cacao sont privatisées : les plantations dont l’État était propriétaires sont vendues ; 75% du personnel de l’Office Ghanéen de Commercialisation du Cacao (COCOBOD) sont licenciés ; les subventions offertes aux paysans sont abolies ; de nombreuses infrastructures – dont des routes – cessent d’être entretenues et sont laissées à l’abandon. Les petits cultivateurs de cacao sont laissés pour compte et doivent se débrouiller seuls. Inexpérimentés dans l’administration, le commerce, le marketing et le contrôle de la qualité du cacao, la plupart des petits paysans ghanéens vit dans une situation d’extrême précarité.

Certains producteurs décident de faire les choses autrement : Kuapa Kokoo naît

Des producteurs veulent créer une société commerciale par et pour eux-mêmes. Malgré les obstacles mis par le gouvernement, M. Nana Yaw Frimpong Abresese prend le leadership de l’initiative. Avec le support d’une organisation non-gouvernementale basée à Londres, il rassemble un groupe de fermiers pour former une organisation indépendante de l’État sous la forme d’une fédération de producteurs, Kuapa Kokoo.
Dès ses débuts, l’Union des Coopératives des Planteurs de cacao chapeaute 22 groupes, tous des petits producteurs. Tous sont convaincus de la pertinence du projet. C’est ainsi que prend forme Kuapa Kokoo Union, qui signifie « l’union des bons planteurs » dans la langue locale, avec un slogan : « Pa Pa PAA », qui signifie : « de la meilleure qualité »

La structure coopérative aujourd’hui

Kuapa Kokoo travaille aujourd’hui avec 300 « sociétés villageoises » réunissant au total plus de 45 000 fermiers ghanéens. Autrefois, les autorités commercialisaient le cacao : les paysans vendaient leur récolte directement à COCOBOD. Depuis la création de Kuapa Kokoo, les paysans membres la vendent à l’organisation, qui elle la revend  à COCOBOD.
Des élections représentatives assurent à chaque «  société villageoise» et ses paysans une représentation au niveau local, régional et national. Il y a une autogestion qui s’érige. Elle garantit des conditions de travail similaires pour tous.

Une utilité sociale exemplaire

Grâce au pouvoir du nombre, la coopérative jouit d’une crédibilité importante. En 2006, Kuapa Kokoo adhère au système du commerce équitable.  La FairTrade Labelling Initiatives intervient auprès du gouvernement et exige qu’un prix minimum et qu’une prime soient versés aux cultivateurs évoluant dans le circuit du commerce équitable. Ces montants ne doivent jamais descendre sous le seuil fixé. En 2009, le prix payé est en moyenne de 15% supérieur à celui du marché conventionnel.
Les profits additionnels tirés de la vente de cacao certifié équitable sont divisés entre les « sociétés villageoises ». Le bonus sert, entre autre, à l’achat de cacaoyers, d’outils et de camions. Une partie des bénéfices finance également des projets collectifs tels que les formations (ex : méthodes de culture écologique), l’entretien des infrastructures, etc. Des programmes de microcrédit et d’épargne financent d’autres activités rémunératrices, notamment pour les femmes.
Quand vous achèterez du chocolat issu du commerce équitable, choisissez celui du Ghana, et lisez l’étiquette : vous y rencontrerez sûrement Kuapa Kokoo… et l’apprécierez : il est « Pa Pa PAA » !

 

Benjamin Ty-Shen

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