Accueil 5 L'association 5 Agriculture en Inde : de la dépendance vers l’autonomie ( Page )

De plus en plus de monde le pense : l’acte de vivre, de célébrer et de conserver la vie dans toute sa diversité – les peuples et la nature – semble avoir été sacrifié au « progrès », et le caractère « sacré » de la vie a été remplacé par une science et un développement au caractère « sacré »…


Une agriculture prisonnière de la productivité à outrance 

L’utilisation de plus en plus massive des semences génétiquement transformées, des engrais, pesticides, insecticides (et autres noms en « cides »), entraîne l’agriculture dans une organisation économique au sein de laquelle les multinationales et leurs lobbies sont très actifs dans la promotion de leurs intérêts et ceux des actionnaires !

L’exemple indien :

En Inde, à la faveur d’un vaste plan de structuration de l’agriculture, (la « révolution verte »), les paysans ont été de fait empêchés de reproduire leurs propres semences. 

«Les principales semences utilisées aujourd’hui en agriculture ont été conçues pour répondre spécifiquement à des engrais et des pesticides d’origine chimique. Si vous utilisez ce qu’ils appellent des semences à « haut rendement »  et si vous les plantez derrière chez vous, vous n’obtiendrez pas une bonne production. Un bon rendement ne sera obtenu que si vous utilisez des engrais (azote, phosphate, potassium…) ajoutés chimiquement dans les champs.» témoigne un paysan. « Au contraire, les variétés biologiques utilisent ces nutriments « naturels » sans recours aux engrais (chimiques) et éliminent la dépendance créée par les semences « haut rendement », dépendance des fermiers à l’égard des corporations. » (http://www.youtube.com/watch?v=fKZAyE84ruQ)

En Inde, pour aider tous ces agriculteurs indiens dont certains sont poussés à la faillite, puis aux suicides, une femme s’est levée : Vandana Shiva. Elle incarne la résistance des petits contre les lobbies agrochimiques dans la défense de l’écologie au niveau international. Elle représente aussi la défense des femmes indiennes dans leur lutte pour avoir accès à l’éducation et au travail. Elle a développé en 1996, une banque de graines, Navdanya.


Navdanya : des objectifs simples et clairs 

Les membres œuvrent pour la préservation des semences traditionnelles et la promotion d’une agriculture équitable, locale, bio et respectueuse de son environnement.

L’association – qui a statut d’ONG –  collecte, récolte et reproduit des semences anciennes dans 16 états pour les redistribuer aux agriculteurs désireux de se former à l’agriculture biologique, leur rendant autonomie alimentaire et dignité. À ce jour, un demi-million de paysans sont membres de Navdanya…

Les graines – 600 variétés de riz et semences – sont distribuées chaque année aux membres du réseau Navdanya comme une alternative aux semences industrielles génétiquement modifiées. En tant que « banque », il y a un taux d’intérêt : 25%. Énorme ? Non, insignifiant ! Lorsque Navdanya fournit  1 kg de semence de riz, elle demande à ce qu’on lui rende en retour 1,25 kg du riz prêté (l’année suivante, par exemple). Quand on sait ce qu’un kilo de riz peut produire ! Il n’y a qu’à le planter en terre !

C’est aux fermiers de faire se multiplier cette semence pour qu’ils aient assez pour semer dans leurs champs. S’ils font cela correctement, ils peuvent vendre leur production à un meilleur prix et mieux valoriser le travail qu’ils ont fourni.


Chacun de nous doit se sentir concerné.

Et si l’envie vous prend de voir comment çà marche de plus près : vous pouvez, comme des centaines chaque année, être volontaire pour aller à Bija Vidyapeeth, ferme biologique située dans l’Etat de l’Uttarakandh, au Nord Est de Delhi.

Et si vous préférez philosopher sur votre rapport à la terre, à l’agriculture, à la vraie valeur du travail, et à votre mode de consommation, ne vous privez pas !

Benjamin Ty-Shen

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