Ce titre, emprunté à Albert Camus, marque assez bien l’époque dans laquelle nous vivons. La gauche, sur l’immigration, pourrait faire sienne cette citation de Camus à la sortie de son livre : » Si j’ai beaucoup marché, je n’ai pas tellement progressé « .
Le thème de l’immigration revient en force ces jours-ci, avec comme corollaire la nouvelle circulaire de Manuel Valls, sur la régularisation des sans papiers et sur la politique d’immigration. La gauche, toujours plus généreuse lorsqu’elle est dans l’opposition (récépissé pour les contrôles d’identité, droit de vote des étrangers), change de braquet une fois au pouvoir, et dans le cas présent, en l’espace de huit mois, le ministre de l’Intérieur n’a pas cessé de marcher dans les pas de ses prédécesseurs. Et marcher dans ceux de Claude Guéant, il fallait oser! Le plus étonnant est que Manuel Valls gagne systématiquement les arbitrages aux dépens de ses collègues socialistes!
Dans cette ambiance, il faut noter l’initiative de Jean-Yves Leconte, sénateur représentant les Français de l’étranger, qui a repris une proposition de loi écrite et déposée par son prédécesseur, Monique Cerisier ben Guiga, en 2008. Dans la perspective du déplacement de François Hollande en Algérie au mois de décembre, notre sénateur propose une loi à forte valeur symbolique. En effet, près de 400 000 soldats d’origines algérienne, tunisienne et marocaine ont combattu pour la France pour les seules guerres de 1914-18, 1939-45 et d’Indochine. Près de 6 000 de ces soldats sont morts au front, et de nombreux enfants de ces combattants se sont vu conférés le statut de pupille de la Nation. Et pourtant, malgré cette reconnaissance, l’accès à l’indépendance de ces territoires a laissé une brèche dans les engagements de la France envers ses morts et leurs descendants.
En effet, les dispositions législatives modifiant le code la nationalité française lors de l’accession à l’indépendance des anciens départements et colonies françaises n’avaient pas pris de mesures spécifiques pour les pupilles de la Nation quant au maintien dans la nationalité française. A ce jour, aucune disposition législative n’impose que l’enfant éligible à la qualité de pupille de la Nation ait la nationalité française. Ces orphelins avaient été adoptés par l’Etat français, mais relevaient du statut de droit local, et n’ont donc pas eu la possibilité de conserver automatiquement la nationalité française à l’indépendance. De plus, souvent peu ou pas informés des dispositions offertes par la déclaration recognitive, ils ont perdu cette faculté!
Aujourd’hui ces pupilles de la Nation, qui ont entre 50 et 60 ans, doivent disposer de ces droits. Tous n’en feront pas la demande, mais il faut laisser la porte ouverte, d’autant plus que nous allons bientôt préparer la commémoration du centenaire de la guerre de 1914-18. Une manière de respecter ces morts, notre honneur et celui de la France.
Amine Cassim