Accueil 5 L'association 5 Les 30 ans de Français du monde-adfe Munich : le récit de notre présidente ( Page 2 )

Une section, c’est dans le moment et sur la durée, une mobilisation de compétences et d’engagement mis au service de la vie civique d’une communauté française, dans tous ses aspects, culturels, sociaux, politiques. C’est grâce aux citoyens actifs et militants que prend corps «la Nation française», comme on disait autrefois à l’étranger pour désigner une communauté. L’ADFM, section de Français du monde-adfe à Munich, qui m’avait invitée à participer à l’anniversaire de ses trente ans, le 5 octobre 2012, en est un bon exemple.

Le  moment festif de la célébration rassemblait adhérents et sympathisants autour de Philippe Moreau, président et de Françoise Ohl, secrétaire générale et de nombre des 11 présidents successifs de la section, car on sait passer le relai à Munich : Jean-François Mézières, Christiane Hansen, Françoise Ruge, Fernand Eiden, Eliane Steiner, Claudine Lepage, Michel Mutzenberger, Aude Yung, Patrick Bouthinon, Geneviève Heckl, Edith Fellmann, Elisabeth Guiot, Philippe Moreau, Elisabeth Guiot, Philippe Moreau.

A cette occasion, nous avons évoqué les années difficiles de la création : créer une section en 1982 et faire que la jeune pousse grandisse puis s’affermisse n’a pas été plus facile à Munich qu’ailleurs. Les souvenirs de Fernand Eiden, second président de la lignée en témoignaient lors de son discours, vendredi soir.

Un petit groupe de Français de gauche qui s’était constitué à l’occasion des premières élections au CSFE en 1982 a finalement constitué une section de l’ADFE. La petite association nouvelle n’était pas la bienvenue dans l’ordre conservateur qui régnait, sous le signe de la cooptation, dans une ambiance provinciale et quelque peu surannée. Combien de plaisanteries il a fallu supporter sur ces gauchistes qui se réunissaient dans une cabine téléphonique et voulaient changer le cours des choses. Heureusement la nomination d’un consul général animé de l’esprit républicain a su encourager une dynamique nouvelle et permettre que le pluralisme et la tolérance l’emportent.

La petite association nouvelle a réuni de plus en plus de Français en organisant un bal populaire du 14 juillet puis une fête de la musique devenue un événement de la ville, jusqu’à ce qu’un directeur de l’Institut français juge que cette association était décidément trop politique pour qu’il la laisse attirer des centaines de participants dans ses jardins. Club de cinéma, café philosophique, promenades sportives ou culturelles en Bavière ont animé la vie de la section en fonction des centres d’intérêt des animateurs et des membres. Tout en participant assidument aux différents comités consulaires, au conseil d’établissement du lycée Jean Renoir et, les années d’élection, en mobilisant assesseurs et scrutateurs pour les bureaux de vote, l’ADFM a donné naissance à des enfants : une association d’entraide l’ASAIPE, et une association FLAM (AFLM, association française langue maternelle de Munich) qui offre aujourd’hui des activités en français à près de 200 enfants.

L’ADFM se distingue par la diversité des activités qu’elle propose à une communauté française qui a triplé en 20 ans pour atteindre près de 30 000 inscrits au consulat. Qu’on en juge : en 2012, les brunchs trimestriels de discussion sur l’actualité, la randonnée de printemps, la fête d’été, l’apéritif de rentrée, la balade d’automne avec visite du monastère d’Ettal, les fêtes des trente ans ont scandé une année très chargée du fait des campagnes électorales et des scrutins présidentiels et législatifs. La « Lettre de Munich » dont le numéro zéro date de 1985 a continué à paraître régulièrement. Sont programmés pour la fin de l’année : la soirée couscous, la foire aux livres et DVD. En pendant ce temps, on soutient les groupes FLAM, on fait vivre l’ASAIFE, on participe aux commissions consulaires, au conseil d’établissement du lycée Jean Renoir.

Oui, il faut rogner sur ses loisirs personnels et familiaux pour consacrer du temps à l’animation de cette vie sociale, grâce à laquelle français, francophones et francophiles s’adonnent aux échanges amicaux, intellectuels et politiques qui sont le pain et le sel de la vie en société. Oui, les animateurs se donnent de la peine mais ne s’enrichissent-ils pas humainement à mesure de ce qu’ils donnent ? Entre une vie rabougrie centrée sur la consommation et une vie sociale épanouie, ils ont choisi.

Monique Cerisier ben Guiga

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