Le peu de retentissement qu’a connu le sommet de la terre Rio+20, pourtant important pour l’avenir de la planète, était malheureusement prévisible. Toute pression des pays économiquement développés étant vécue comme une privation de futur et de croissance par les autres, il est difficile de remettre en cause les méthodes de développement actuel et de promouvoir la préservation de l’environnement.
Comment fonctionne une telle conférence internationale, organisée sous l’égide de l’ONU ?
Ce sont uniquement les représentants des gouvernements qui votent le texte final. Ce dernier est préparé pendant de longs mois selon un processus clairement défini. Autant dire que les négociations ont lieu avant l’évènement, ce qui permet de prévoir s’il sera un échec ou une réussite.
Les gouvernements agissent au nom de leur population. La contribution de neuf « Major Groups » (Farmers, Women, Local Authorities, Indigenous People, Scientific and Technologic Community, NGO, Workers and Trade Union, Business and Industry, Children and Youth) permet une implication de la société civile.
Mais, les Major Groups ne disposent pas de la capacité d’amender le texte final de la Conférence. La montée en puissance du concept de société civile, qui agit dans certains cas avec des entreprises du secteur privé souhaitant s’engager dans une action commune avec les ONG, est positive. L’engagement de la société civile est en effet nécessaire pour pallier au manque d’action des acteurs politiques.
Comme je l’ai évoqué le mois dernier, l’économie sociale et solidaire s’est invitée à Rio. En marge du sommet officiel ont lieu des évènements – autorisés par l’ONU – qui ont vocation à nourrir les réflexions. Les Rencontres du Mont Blanc ont créé une conférence, visible, très remarquée, grâce à la diversité des intervenants (ministres, universitaires, représentants d’Organisations Internationales…) et à son thème spécifique : l’Economie Sociale et Solidaire.
Sa prise en compte dans le texte final de la Conférence est décevante, les « coopératives et petites entreprises » ont été cantonnées à un rôle de contribution à la lutte contre la pauvreté, alors que l’ESS, par sa diversité et l’implication de ses acteurs dans le cadre d’une économie de solidarités, est une voie d’avenir.
De plus en plus de secteurs dont l’économie sont soustraits à la décision souveraine des peuples. Ce constat nécessite de lutter contre l’idée qu’il n’y aurait qu’un seul modèle économique possible et donc qu’un seul modèle d’entreprise. La reconquête du champ de l’économie et de la démocratie passe par l’ESS, porteuse d’un intérêt général revenant au cœur de l’économie. Il convient sans doute de promouvoir conjointement l’ESS et l’économie verte, à travers quatre piliers : la gouvernance démocratique, l’économique, le social et l’environnement. Le danger serait au contraire de les opposer.
L’espérance réside dans cette conscience et la capacité de l’ESS d’obtenir de l’ONU la reconnaissance en tant que Major Group. Cela passera par un travail en partenariat avec les pays – dont la France – dont les gouvernements reconnaissent le bien fondé de cette analyse.
Il ne faut pas tarder, car une autre conférence internationale s’annonce : 2015 sera l’année du bilan des objectifs du Millénaire pour le développement adoptés à Dakar en 2000 par 185 pays.
Benjamin Ty-Shen