Les Français du Mali vivent au rythme de la crise qui secoue le pays. Les accords qui s’appliquent progressivement entre les putschistes, les médiateurs de la CEDAO et les milieux politiques calment un peu la situation à Bamako. La menace de blocus est levée. C’est un grand soulagement car la raréfaction des denrées alimentaires aurait fait courir le risque d’émeutes et de pillages.
Toutefois la crise économique qui résulte de la crise politique est lourde de conséquences. L’électricité manque dans la journée, les quartiers subissant les uns après les autres, et parfois ensemble, de longs délestages. L’activité économique vit donc au ralenti : artisans, coiffeurs, restaurateurs privés d’énergie et de clients sont brutalement privés de ressources. Dans les ateliers, sur les machines, chez soi, sur l’ordinateur, on s’active la nuit. La chaleur est accablante en cette saison. Impossible de se rafraichir même avec un modeste ventilateur. Impossible de conserver de la nourriture. La vie quotidienne est une dure épreuve. Les responsables de Français du monde-adfe s’occupent de secourir les familles les plus éprouvées par la chute de l’activité économique, souvent des Français sans lien de famille au Mali et qui sont privés de la solidarité familiale.
Les restrictions budgétaires pèsent sur l’organisation de la sécurité. Les responsables des ilots de sécurité doivent payer de leur poche tous les appels téléphoniques qu’ils passent aux compatriotes dont ils ont la charge. Le poste diplomatique communique par mails et par SMS. Mais comment consulter les mails quand on n’a pas d’électricité ? Les envois de SMS sont plus appropriés : ils ont un coût. On les réserve à des situations d’urgence.
Le ministère des Affaires étrangères a envoyé des agents en renfort pour faire face aux besoins de la communauté française et à l’organisation des élections présidentielles mais nombre de Français auraient besoin de passeports pour aller travailler dans des pays voisins où ils ont des liens. Qui les leur établira ?
Le Centre de Crise, toujours vigilant, en coordination avec les services de l’Ambassade et du Consulat, fait ce qu’il y a lieu de faire dans un pays où l’on ne sait pas encore si dans les jours qui viennent, d’autres événements, liés à la situation du Nord, obligeraient à procéder à une évacuation.
Enfin, la situation du Nord du pays reste si difficile que le nombre de personnes déplacées augmente alors que les ONG sont dans une position difficile. L’aide humanitaire internationale, indispensable, aura peine à atteindre ses bénéficiaires. Que de souffrances !